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| 12.05 - Les conseils.
Adrienne de Cardoville avait été encore plus étroitement renfermée dans la maison du docteur Baleinier depuis la double tentative nocturne d’Agricol et de Dagobert, en suite de laquelle le soldat, assez grièvement blessé, était parvenu, grâce au dévouement intrépide d’Agricol, assisté de l’héroïque Rabat-Joie, à regagner la petite porte du jardin du couvent et à fuir par le boulevard extérieur avec le jeune forgeron. Quatre heures venaient de sonner ; Adrienne, depuis le jour précédent, avait été conduite dans une chambre au deuxième étage de la maison de santé ; la fenêtre grillée, défendue au dehors par un auvent, ne laissait parvenir qu’une faible clarté dans cet appartement. La jeune fille, depuis son entretien avec la Mayeux, s’attendait à être délivrée, d’un jour à l’autre, par l’intervention de ses amis ; mais elle éprouvait une douloureuse inquiétude au sujet d’Agricol et de Dagobert ; ignorant absolument l’issue de la lutte engagée pendant une des nuits précédentes par ses libérateurs contre les gens de la maison de fous et du couvent, en vain elle avait interrogé ses gardiennes ; celles-ci étaient restées muettes. Ces nouveaux incidents augmentaient encore les amers sentiments d’Adrienne contre la princesse de Saint-Dizier, le père d’Aigrigny et leurs créatures. La légère pâleur du charmant visage de Mlle de Cardoville, ses beaux yeux un peu battus, trahissaient de récentes angoisses : assise devant une petite table, son front appuyé sur une de ses mains, à demi voilée par les longues boucles de ses cheveux dorés, elle feuilletait un livre. Tout à coup la porte s’ouvrit, et M. Baleinier entra. Le docteur, jésuite de robe courte, instrument docile et passif des volontés de l’ordre, n’était, on l’a dit, qu’à moitié dans les confidences du père d’Aigrigny et de la princesse de Saint-Dizier. Il avait ignoré le but de la séquestration de Mlle de Cardoville, il ignorait aussi le brusque revirement de position qui avait eu lieu la veille entre le père d’Aigrigny et Rodin, après la lecture du testament de Marius de Rennepont ; le docteur avait, seulement la veille, reçu l’ordre du père d’Aigrigny (alors obéissant aux inspirations de Rodin) de resserrer plus étroitement encore Mlle de Cardoville, de redoubler de sévérité à son égard, et de tâcher enfin de la contraindre, on verra par quels moyens, à renoncer aux poursuites qu’elle se proposait de faire contre ses persécuteurs. À l’aspect du docteur, Mlle de Cardoville ne put cacher l’aversion et le dédain que cet homme lui inspirait. M. Baleinier, au contraire, toujours souriant, toujours doucereux, s’approcha d’Adrienne avec une aisance, avec une confiance parfaite, s’arrêta à quelques pas d’elle comme pour examiner attentivement les traits de la jeune fille, puis il ajouta, comme s’il eût été satisfait des remarques qu’il venait de faire : – Allons ! les malheureux événements de l’avant-dernière nuit auront une influence moins fâcheuse que je ne craignais… Il y a du mieux, le teint est plus reposé, le maintien plus calme ; les yeux sont encore un peu vifs, mais non plus brillants d’un éclat anormal. Vous alliez si bien !… Voici le terme de votre guérison reculé… car ce qui s’est malheureusement passé l’avant-dernière nuit vous a jetée dans un état d’exaltation d’autant plus fâcheux que vous n’en avez pas eu la conscience. Mais heureusement, nos soins aidant, votre guérison ne sera, je l’espère, reculée que de quelque temps. Si habituée qu’elle fût à l’audace de l’affilié de la congrégation, Mlle de Cardoville ne put s’empêcher de lui dire avec un sourire de dédain amer : – Quelle imprudente probité est donc la vôtre, monsieur ! Quelle effronterie dans votre zèle à bien gagner l’argent !… Jamais un moment sans votre masque : toujours la ruse, le mensonge aux lèvres. Vraiment, si cette honteuse comédie vous fatigue autant qu’elle me cause de dégoût et de mépris, on ne vous paye pas assez cher. – Hélas ! dit le docteur d’un ton pénétré, toujours cette imagination de croire que vous n’aviez pas besoin de mes soins ! que je joue la comédie quand je vous parle de l’état affligeant où vous étiez lorsqu’on a été obligé de vous conduire ici à votre insu ! Mais, sauf cette petite marque d’insanité rebelle, votre position s’est merveilleusement améliorée ; vous marchez à une guérison complète. Plus tard, votre excellent cœur me rendra la justice qui m’est due et un jour… je serais jugé comme je dois l’être. – Je le crois, monsieur, oui, le jour approche où vous serez jugé comme vous devez l’être, dit Adrienne en appuyant sur ces mots. – Toujours cette autre idée fixe, dit le docteur avec une sorte de commisération. Voyons, soyez donc plus raisonnable… ne pensez plus à cet enfantillage. – Renoncer à demander aux tribunaux réparation pour moi et flétrissure pour vous et vos complices ?… Jamais, monsieur… oh ! jamais ! – Bon !! dit le docteur en haussant les épaules, une fois dehors… Dieu merci ! vous aurez à songer à bien d’autres choses… ma belle ennemie. – Vous oubliez pieusement, je le sais, le mal que vous faites… Mais moi, monsieur, j’ai meilleure mémoire. – Parlons sérieusement ; avez-vous réellement la pensée de vous adresser aux tribunaux ? reprit le docteur Baleinier d’un ton grave. – Oui, monsieur. Et, vous le savez… ce que je veux… je le veux fermement. – Eh bien ! je vous prie, je vous conjure de ne pas donner suite à cette idée, ajouta le docteur d’un ton de plus en plus pénétré ; je vous le demande en grâce, et cela au nom de votre propre intérêt… – Je crois, monsieur, que vous confondez un peu trop vos intérêts avec les miens… – Voyons, dit le docteur Baleinier avec une feinte impatience et comme s’il eût été certain de convaincre Mlle de Cardoville, voyons, auriez-vous le triste courage de plonger dans le désespoir deux personnes remplies de cœur et de générosité ? – Deux seulement ? La plaisanterie serait plus complète si vous en comptiez trois : vous, monsieur, ma tante et l’abbé d’Aigrigny ; car telles sont sans doute les personnes généreuses au nom desquelles vous invoquez ma pitié. – Eh ! mademoiselle, il ne s’agit ni de moi, ni de votre tante, ni de l’abbé d’Aigrigny. – De qui s’agit-il donc alors, monsieur ? dit Mlle de Cardoville avec surprise. – Il s’agit de deux pauvres diables qui, sans doute envoyés par ceux que vous appelez vos amis, se sont introduits dans le couvent voisin pendant l’autre nuit, et sont venus du couvent dans ce jardin… Les coups de feu que vous avez entendu ont été tirés sur eux. – Hélas ! je m’en doutais… Et l’on a refusé de m’apprendre s’ils avaient été blessés !… dit Adrienne avec une douloureuse émotion. – L’un d’eux a reçu, en effet, une blessure, mais peu grave, puisqu’il a pu marcher et échapper aux gens qui le poursuivaient. – Dieu soit loué ! s’écria Mlle de Cardoville en joignant les mains avec ferveur. – Rien de plus louable que votre joie en apprenant qu’ils ont échappé ; mais alors, par quelle étrange contradiction voulez-vous donc maintenant mettre la justice sur leurs traces ?… Singulière manière, en vérité, de reconnaître leur dévouement. – Que dites-vous, monsieur ? demanda Mlle de Cardoville. – Car enfin, s’ils sont arrêtés, reprit le docteur Baleinier sans lui répondre, comme ils se sont rendus coupables d’escalade et d’effraction pendant la nuit, il s’agira pour eux des galères… – Ciel !… et ce serait pour moi !… – Ce serait pour vous… et, qui pis est, par vous, qu’ils seraient condamnés. – Par moi… monsieur ? – Certainement, si vous donniez suite à vos idées de vengeance contre votre tante et l’abbé d’Aigrigny (je ne vous parle pas de moi, je suis à l’abri), si, en un mot, vous persistiez à vouloir vous plaindre à la justice d’avoir été injustement séquestrée dans cette maison. – Monsieur, je ne vous comprends pas. Expliquez-vous, dit Adrienne avec une inquiétude croissante. – Mais, enfant que vous êtes, s’écria le jésuite de robe courte d’un air convaincu, croyez-vous donc qu’une fois la justice saisie d’une affaire, on arrête son cours et son action où l’on veut, et comme l’on veut ? Quand vous sortirez d’ici, vous déposerez une plainte contre moi et contre votre famille, n’est-ce pas ? Bien ! qu’arrive-t-il ? la justice intervient, elle s’informe, elle fait citer des témoins, elle entre dans les investigations les plus minutieuses. Alors que s’ensuit-il ? Que cette escalade nocturne que la supérieure du couvent a un certain intérêt à tenir cachée dans la peur du scandale ; que cette tentative nocturne, que je ne voulais pas non plus ébruiter, se trouve forcément divulguée ; et comme il s’agit d’un crime fort grave, qui entraîne une peine infamante, la justice prend l’initiative, se met à la recherche ; et si, comme il est probable, ils sont retenus à Paris, soit par quelque devoir, soit par leur profession, soit même par la trompeuse sécurité où ils sont, probablement convaincus d’avoir agi dans un motif honorable, on les arrête, et qui aura provoqué cette arrestation ? Vous-même, en déposant contre nous. – Ah ! monsieur, cela serait horrible… c’est impossible. – Ce serait très possible, reprit M. Baleinier. Ainsi, tandis que moi et la supérieure du couvent, qui, après tout, avons seuls le droit de nous plaindre, nous ne demandons pas mieux que de chercher à étouffer cette méchante affaire… c’est vous… vous… pour qui ces malheureux ont risqué les galères, c’est vous qui allez les livrer à la justice ! Quoique Mlle de Cardoville ne fût pas complètement dupe du jésuite de robe courte, elle devinait que les sentiments de clémence dont il semblait vouloir user à l’égard de Dagobert et de son fils, seraient subordonnés au parti qu’elle prendrait d’abandonner ou non la vengeance légitime qu’elle voulait demander à la justice !… En effet, Rodin, dont le docteur suivait sans le savoir les instructions, était trop adroit pour faire dire à Mlle de Cardoville : « Si vous tentez quelques poursuites, on dénonce Dagobert et son fils » ; tandis qu’on arrivait aux mêmes fins en inspirant assez de crainte à Adrienne au sujet de ses deux libérateurs pour la détourner de toute poursuite. Sans connaître la disposition de la loi, Mlle de Cardoville avait trop de bon sens pour ne pas comprendre qu’en effet Dagobert et Agricol pouvaient être très dangereusement inquiétés à cause de leur tentative nocturne, et se trouver ainsi dans une position terrible. Et pourtant, en songeant à tout ce qu’elle avait souffert dans cette maison, en comptant tous les justes ressentiments qui s’étaient amassés au fond de son cœur, Adrienne trouvait cruel de renoncer à l’âpre plaisir de dévoiler, de flétrir au grand jour de si odieuses machinations. Le docteur Baleinier observait celle qu’il croyait sa dupe avec une attention sournoise, bien certain de savoir la cause du silence et de l’hésitation de Mlle de Cardoville. – Mais enfin, monsieur, reprit-elle sans pouvoir dissimuler son trouble, en admettant que je sois disposée, par quelque motif que ce soit, à ne déposer aucune plainte, à oublier le mal qu’on m’a fait, quand sortirai-je d’ici ? – Je n’en sais rien, car je ne puis savoir à quelle époque vous serez radicalement guérie, dit bénignement le docteur. Vous êtes en excellente voie… mais… – Toujours cette insolente et stupide comédie ! s’écria Mlle de Cardoville, en interrompant le docteur avec indignation. Je vous demande, et, s’il le faut, je vous prie, de me dire combien de temps encore je dois être séquestrée dans cette maison, car enfin… j’en sortirai un jour, je suppose. – Certes, je l’espère bien, répondit le jésuite de robe courte avec componction, mais quand ? je l’ignore… D’ailleurs, je dois vous en avertir franchement, toutes les précautions sont prises pour que des tentatives pareilles à celle de cette nuit ne se renouvellent plus : la surveillance la plus rigoureuse est établie afin que vous n’ayez aucune communication au dehors. Et cela dans votre intérêt, afin que votre pauvre tête ne s’exalte pas de nouveau dangereusement. – Ainsi, monsieur, dit Adrienne presque effrayée, auprès de ce qui m’attend, les jours passés étaient des jours de liberté ? – Votre intérêt avant tout, répondit le docteur d’un ton pénétré. Mlle de Cardoville, sentant l’impuissance de son indignation et de son désespoir, poussa un soupir déchirant et cacha son visage dans ses mains. À ce moment, on entendit des pas précipités derrière la porte ; une gardienne de la maison entra après avoir frappé. – Monsieur, dit-elle au docteur d’un ton effaré, il y a en bas deux messieurs qui demandent à vous voir à l’instant, ainsi que mademoiselle. Adrienne releva vivement la tête ; ses yeux étaient baignés de larmes. – Quel est le nom des personnes ? dit M. Baleinier fort étonné. – L’un d’eux m’a dit, reprit la gardienne : « Allez prévenir M. le docteur que je suis magistrat, et que je viens exercer ici une mission judiciaire concernant Mlle de Cardoville. » – Un magistrat ! s’écria le jésuite de robe courte en devenant pourpre et ne pouvant maîtriser sa surprise et son inquiétude. – Ah ! Dieu soit loué ! s’écria Adrienne en se levant avec vivacité, la figure rayonnante d’espérance à travers ses larmes : mes amis ont été prévenus à temps !… l’heure de la justice est arrivée ! – Priez ces personnes de monter, dit le docteur Baleinier à la gardienne après un moment de réflexion. Puis, la physionomie de plus en plus émue et inquiète, se rapprochant d’Adrienne d’un air dur, presque menaçant, qui contrastait avec la placidité habituelle de son sourire d’hypocrite, le jésuite de robe courte lui dit à voix basse : – Prenez garde… mademoiselle !… ne vous félicitez pas trop tôt… – Je ne vous crains plus maintenant ! répondit Mlle Cardoville l’œil étincelant et radieux, M. de Montbron aura sans doute, de retour à Paris, été prévenu à temps… il accompagne le magistrat… il vient me délivrer !… Puis Adrienne ajouta avec un accent d’ironie amère : – Je vous plains, monsieur, vous et les vôtres. – Mademoiselle, s’écria Baleinier, ne pouvant plus dissimuler ses angoisses croissantes, je vous le répète, prenez garde… songez à ce que je vous ai dit… votre plainte entraînera, nécessairement, la révélation de ce qui s’est passé pendant l’autre nuit… Prenez garde ! le sort, l’honneur de ce soldat et de son fils sont entre vos mains… Songez-y… il y a pour eux les galères. – Oh ! je ne suis pas votre dupe, monsieur… vous me faites une menace détournée : ayez donc au moins le courage de me dire que si je me plains à ce magistrat, vous dénoncerez à l’instant le soldat et son fils. – Je vous répète que si vous portez plainte, ces gens-là sont perdus, répondit le jésuite de robe courte d’une manière ambiguë. Ébranlée par ce qu’il y avait de réellement dangereux dans les menaces du docteur, Adrienne s’écria : – Mais enfin, monsieur, si ce magistrat m’interroge, croyez-vous que je mentirai ? – Vous répondrez… ce qui est vrai. D’ailleurs, se hâta de dire M. Baleinier dans l’espoir d’arriver à ses fins, vous répondrez que vous vous trouviez dans un état d’exaltation d’esprit il y a quelques jours, que l’on a cru devoir, dans votre intérêt, vous conduire ici à votre insu ; mais qu’aujourd’hui votre état est fort amélioré, que vous reconnaissez l’utilité de la mesure que l’on a été obligé de prendre dans votre intérêt. Je confirmerai ces paroles… car, après tout, c’est la vérité. – Jamais ! s’écria Mlle de Cardoville avec indignation ; jamais je ne serai complice d’un mensonge aussi infâme ! jamais je n’aurai la lâcheté de justifier ainsi les indignités dont j’ai tant souffert ! – Voici le magistrat, dit M. Baleinier en entendant un bruit de pas derrière la porte. Prenez garde… En effet, la porte s’ouvrit, et, à la stupeur indicible du docteur, Rodin parut, accompagné d’un homme vêtu de noir, d’une physionomie digne et sévère. Rodin, dans l’intérêt de ses projets et par des motifs de prudence rusée que l’on saura plus tard, loin de prévenir le père d’Aigrigny et conséquemment le docteur de la visite inattendue qu’il comptait faire à la maison de santé avec un magistrat, avait, au contraire, la veille, ainsi qu’on l’a dit, fait donner l’ordre à M. Baleinier de resserrer Mlle de Cardoville plus étroitement encore. On comprend donc le redoublement de stupeur du docteur lorsqu’il vit cet officier judiciaire, dont la présence imprévue et la physionomie imposante l’inquiétaient déjà extrêmement, lorsqu’il le vit, disons-nous, entrer accompagné de Rodin, l’humble et obscur secrétaire de l’abbé d’Aigrigny. Dès la porte, Rodin, toujours sordidement vêtu, avait, d’un geste à la fois respectueux et compatissant, montré Mlle de Cardoville au magistrat. Puis, pendant que ce dernier, qui n’avait pu retenir un mouvement d’admiration à la vue de la rare beauté d’Adrienne, semblait l’examiner avec autant de surprise que d’intérêt, le jésuite se recula modestement de quelques pas en arrière. Le docteur Baleinier, au comble de l’étonnement, espérant se faire comprendre de Rodin, lui fit coup sur coup plusieurs signes d’intelligence, tâchant de l’interroger ainsi sur l’arrivée imprévue du magistrat. Autre sujet de stupeur pour M. Baleinier : Rodin paraissait ne pas le connaître et ne rien comprendre à son expressive pantomime, et le considérait avec un ébahissement affecté. Enfin, au moment où le docteur, impatient, redoublait d’interrogations muettes, Rodin s’avança d’un pas, tendit vers lui son cou tors, et lui dit d’une voix très calme : – Plaît-il… monsieur le docteur ? À ces mots, qui déconcertèrent complètement Baleinier, et qui rompirent le silence qui régnait depuis quelques secondes, le magistrat se retourna, et Rodin ajouta avec un imperturbable sang-froid : – Depuis notre arrivée, monsieur le docteur me fait toutes sortes de signes mystérieux… Je pense qu’il a quelque chose de fort particulier à me communiquer… Moi, qui n’ai rien de secret, je le prie de s’expliquer tout haut. Cette réplique, si embarrassante pour M. Baleinier, prononcée d’un ton agressif et accompagnée d’un regard de froideur glaciale, plongea le médecin dans une nouvelle et si profonde stupeur, qu’il resta quelques instants sans répondre. Sans doute le magistrat fut frappé de cet incident et du silence qui le suivit, car il jeta sur M. Baleinier un regard d’une grande sévérité. Mlle de Cardoville, qui s’attendait à voir entrer M. de Montbron, restait aussi singulièrement étonnée.
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