Le Juif Errant

| 1.13 - Le jugement

 

 

 

Le digne bourgmestre de Mockern était coiffé d’un bonnet de drap et enveloppé d’un manteau ; il s’assit pesamment sur le banc. C’était un gros homme de soixante ans environ, d’une figure rogue et renfrognée ; de son poing rouge et gras, il frottait fréquemment ses yeux, gonflés et rougis par un brusque réveil.
 
Dagobert, debout, tête nue, l’air soumis et respectueux, tenant son vieux bonnet de police entre ses deux mains, tâchait de lire sur la maussade physionomie de son juge quelles chances il pouvait avoir de l’intéresser à son sort, c’est-à-dire à celui des orphelines. Dans ce moment critique, le pauvre soldat appelait à son aide tout son sang-froid, toute sa raison, toute son éloquence, toute sa résolution : lui qui vingt fois avait bravé la mort avec un froid dédain ; lui qui, calme et assuré, n’avait jamais baissé les yeux devant le regard d’aigle de l’empereur, son héros, son dieu…, se sentait interdit, tremblant, devant ce bourgmestre de village à figure malveillante. De même aussi, quelques heures auparavant, il avait dû subir, impassible et résigné, les provocations du Prophète, pour ne pas compromettre la mission sacrée dont une mère mourante l’avait chargé, montrant ainsi à quel héroïsme d’abnégation peut atteindre une âme honnête et simple.
 
– Qu’avez-vous à dire… pour votre justification ? Voyons, dépêchons… demanda brutalement le juge avec un bâillement d’impatience.
 
– Je n’ai pas à me justifier… j’ai à me plaindre, monsieur le bourgmestre, dit Dagobert d’une voix ferme.
 
– Croyez-vous m’apprendre dans quels termes je dois vous poser mes questions ? s’écria le magistrat d’un ton si aigre que le soldat se reprocha d’avoir déjà si mal engagé l’entretien.
 
Voulant apaiser son juge, il s’empressa de répondre avec soumission :
 
– Pardon, monsieur le bourgmestre, je me serai mal expliqué ; je voulais seulement dire que dans cette affaire je n’avais aucun tort.
 
– Le Prophète dit le contraire.
 
– Le Prophète… répondit le soldat d’un air de doute.
 
– Le Prophète est un pieux et honnête homme incapable de mentir, reprit le juge.
 
– Je ne peux rien dire à ce sujet, mais vous avez trop de cœur, monsieur le bourgmestre, pour me donner tort sans m’écouter… ce n’est pas un homme comme vous qui ferait une injustice… oh ! cela se voit tout de suite.
 
En se résignant ainsi, malgré lui, au rôle de courtisan, Dagobert adoucissait le plus possible sa grosse voix, et tâchait de donner à son austère figure une expression souriante, avenante et flatteuse.
 
– Un homme comme vous, ajouta-t-il en redoublant d’aménité, un juge si respectable… n’entend pas que d’une oreille.
 
– Il ne s’agit pas d’oreilles… mais d’yeux, et quoique les miens me cuisent comme si je les avais frottés avec des orties, j’ai vu la main du dompteur de bêtes horriblement blessée.
 
– Oui, monsieur le bourgmestre, c’est bien vrai ; mais songez que s’il avait fermé ses cages et sa porte, tout cela ne serait pas arrivé.
 
– Pas du tout, c’est votre faute : il fallait solidement attacher votre cheval à sa mangeoire.
 
– Vous avez raison, monsieur le bourgmestre ; certainement, vous avez raison, dit le soldat d’une voix de plus en plus affable et conciliante. Ce n’est pas un pauvre diable comme moi qui vous contredira. Cependant, si l’on avait, par méchanceté, détaché mon cheval… pour le faire aller à la ménagerie… vous avouerez n’est-ce pas ? que ce n’est plus ma faute ; ou du moins, vous l’avouerez si cela vous fait plaisir, se hâta de dire le soldat, je n’ai pas le droit de vous rien commander.
 
– Et pourquoi diable voulez-vous qu’on vous ait joué ce mauvais tour ?
 
– Je ne le sais pas, monsieur le bourgmestre, mais…
 
– Vous ne le savez pas… eh bien ! ni moi non plus, dit impatiemment le bourgmestre. Ah ! mon Dieu ! que de sottes paroles pour une carcasse de cheval mort !
 
Le visage du soldat, perdant tout à coup son expression d’aménité forcée, redevint sévère ; il répondit d’une voix grave et émue :
 
– Mon cheval est mort…, ce n’est plus qu’une carcasse, c’est vrai ; et il y a une heure, quoique bien vieux, il était plein de courage et d’intelligence… il hennissait joyeusement à ma voix… et chaque soir il léchait les mains des deux pauvres enfants qu’il avait protégées tout le jour… comme autrefois il avait porté leur mère… Maintenant il ne portera plus personne, on le jettera à la voirie, les chiens le mangeront, et tout sera dit… Ce n’était pas la peine de me rappeler cela durement, monsieur le bourgmestre, car je l’aimais, moi, mon cheval.
 
À ces mots, prononcés avec une simplicité digne et touchante, le bourgmestre, ému malgré lui, se reprocha ses paroles.
 
– Je comprends que vous regrettiez votre cheval, dit-il d’une voix moins impatiente. Mais enfin, que voulez-vous ? c’est un malheur.
 
– Un malheur… oui, monsieur le bourgmestre, un bien grand malheur ! Les jeunes filles que j’accompagne étaient trop faibles pour entreprendre une longue route à pied, trop pauvres pour voyager en voiture… Pourtant il fallait que nous arrivassions à Paris avant le mois de février… Quand leur mère est morte, je lui ai promis de les conduire en France, car ces enfants n’ont plus que moi…
 
– Vous êtes donc leur…
 
– Je suis leur fidèle serviteur, monsieur le bourgmestre, et maintenant que mon cheval a été tué, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Voyons, vous êtes bon, vous avez peut-être des enfants ? Si un jour ils se trouvaient dans la position de mes deux petites orphelines, ayant pour tout bien, pour toutes ressources au monde un vieux soldat qui les aime et un vieux cheval qui les porte… si, après avoir été bien malheureuses depuis leur naissance, oui, allez ! bien malheureuses, car mes filles sont filles d’exilés…, leur bonheur se trouvait au bout de ce voyage, et que, par la mort d’un cheval, ce voyage devînt impossible, dites, monsieur le bourgmestre, est-ce que ça ne vous remuerait pas le fond du cœur ? est-ce que vous ne trouveriez pas comme moi que la perte de mon cheval est irréparable ?
 
– Certainement, répondit le bourgmestre, assez bon au fond, et partageant involontairement l’émotion de Dagobert. Je comprends maintenant toute la gravité de la perte que vous avez faite, et puis ces orphelines m’intéressent. Quel âge ont-elles ?
 
– Quinze ans et deux mois… elles sont jumelles…
 
– Quinze ans et deux mois… à peu près l’âge de ma Frédérique.
 
– Vous avez une jeune demoiselle de cet âge ? reprit Dagobert, renaissant à l’espoir ; eh bien, monsieur le bourgmestre, franchement, le sort de mes pauvres petites ne m’inquiète plus… Vous nous ferez justice…
 
– Faire justice… c’est mon devoir ; après tout, dans cette affaire-là, les torts sont à peu près égaux : d’un côté, vous avez mal attaché votre cheval ; de l’autre, le dompteur de bêtes a laissé sa porte ouverte. Il m’a dit cela… « J’ai été blessé à la main… » mais vous répondez : « Mon cheval a été tué… et pour mille raisons, la mort de mon cheval est un dommage irréparable. »
 
– Vous me faites parler mieux que je ne parlerai jamais, monsieur le bourgmestre, dit le soldat avec un sourire humblement câlin, mais c’est le sens de ce que j’aurais dit, car, ainsi que vous le prétendez vous-même, monsieur le bourgmestre, ce cheval, c’était toute ma fortune, et il est bien juste que…
 
– Sans doute, reprit le bourgmestre en interrompant le soldat, vos raisons sont excellentes… Le Prophète… honnête et saint homme, d’ailleurs, avait à sa manière très habilement présenté les faits ; et puis, c’est une ancienne connaissance. Ici, voyez-vous, nous sommes presque tous fervents catholiques ; il donne à nos femmes, à très bon marché, de petits livres très édifiants, et il leur vend, vraiment à perte, des chapelets et des agnus Dei très bien confectionnés… Cela ne fait rien à l’affaire, me direz-vous, et vous aurez raison ; pourtant, ma foi, je vous l’avoue, j’étais venu ici dans l’intention…
 
– De me donner tort… n’est-ce pas, monsieur le bourgmestre ? dit Dagobert de plus en plus rassuré. C’est que vous n’étiez pas tout à fait réveillé… votre justice n’avait encore qu’un œil d’ouvert.
 
– Vraiment, monsieur le soldat, répondit le juge avec bonhomie, ça se pourrait bien, car je n’ai pas caché d’abord à Morok que je lui donnais raison ; alors il m’a dit, très généreusement du reste : « Puisque vous condamnez mon adversaire je ne veux pas aggraver sa position, et vous dire certaines choses… »
 
– Contre moi ?
 
– Apparemment ; mais, en généreux ennemi, il s’est tu lorsque je lui ai dit que, selon toute apparence, je vous condamnerais provisoirement à une amende envers lui, car je ne le cache pas, avant avoir entendu vos raisons j’étais décidé à exiger de vous une indemnité pour la blessure du Prophète.
 
– Voyez pourtant, monsieur le bourgmestre, comme les gens les plus justes et les plus capables peuvent être trompés, dit Dagobert redevenant courtisan.
 
Bien plus, il ajouta, en tâchant de prendre un air prodigieusement malicieux :
 
– Mais ils reconnaissent la vérité, et ce n’est pas eux que l’on met dedans, tout Prophète que l’on soit !
 
Par ce pitoyable jeu de mots, le premier, le seul que Dagobert eût jamais commis, l’on juge de la gravité de la situation et des efforts, des tentatives de toute sorte que faisait le malheureux pour capter la bienveillance de son juge. Le bourgmestre ne comprit pas tout d’abord la plaisanterie ; il ne fut mis sur la voie que par l’air satisfait de Dagobert et par son coup d’œil interrogatif, qui semblait dire :
 
– Hein ! c’est charmant, j’en suis étonné moi-même.
 
Le magistrat se prit donc à sourire d’un air paterne, en hochant la tête ; puis il répondit, en aggravant encore le jeu de mots :
 
– Eh… eh… eh ! vous avez raison, le Prophète aura mal prophétisé… Vous ne lui payerez aucune indemnité ; je regarde les torts comme égaux, et les dommages comme compensés… Il a été blessé, votre cheval a été tué, partant vous êtes quittes.
 
– Et alors, combien croyez-vous qu’il me redoive ? demanda le soldat avec une étrange naïveté…
 
– Comment ?
 
– Oui, monsieur le bourgmestre… quelle somme est-ce qu’il me payera ?
 
– Quelle somme ?
 
– Oui ; mais avant de la fixer, je dois vous avertir d’une chose, monsieur le bourgmestre : je crois être dans mon droit en n’employant pas tout l’argent à l’acquisition d’un cheval… Je suis sûr qu’aux environs de Leipzig je trouverai une bête à bon marché chez les paysans… Je vous avouerai même, entre nous, qu’à la rigueur, si je trouvais un bon petit âne… je n’y mettrais pas d’amour-propre… J’aimerais mieux cela ; car, voyez-vous, après ce pauvre Jovial, la compagnie d’un autre cheval me serait pénible… Aussi je dois vous…
 
– Ah çà ! s’écria le bourgmestre en interrompant Dagobert, de quelle somme, de quel âne et de quel autre cheval venez-vous me parler ?… Je vous dis que vous ne deviez rien au Prophète et qu’il ne vous doit rien.
 
– Il ne me doit rien ?
 
– Vous avez la tête joliment dure, mon brave homme ; je vous répète que si les animaux du Prophète ont tué votre cheval, le Prophète a été blessé grièvement… Ainsi donc vous êtes quittes, ou, si vous l’aimez mieux, vous ne lui devez aucune indemnité et il ne vous en doit aucune… Comprenez-vous enfin ?
 
Dagobert, stupéfait, resta quelques moments sans répondre, en regardant le bourgmestre avec une angoisse profonde. Il voyait de nouveau ses espérances détruites par ce jugement.
 
– Pourtant, monsieur le bourgmestre, reprit-il d’une voix altérée, vous être trop juste pour ne pas faire attention à une chose : la blessure du dompteur ne l’empêche pas de continuer son état… et la mort de mon cheval m’empêche de continuer mon voyage ; il faut donc qu’il m’indemnise…
 
Le juge croyait avoir déjà beaucoup fait pour Dagobert en ne le rendant pas responsable de la blessure du Prophète, car Morok, nous l’avons dit, exerçait une certaine influence sur les catholiques du pays, et surtout sur leurs femmes, par son débit de bimbeloterie dévote ; l’on savait, de plus, qu’il était appuyé par quelques personnes éminentes. L’insistance du soldat blessa donc le magistrat, qui, reprenant sa physionomie rogue, répondit sèchement :
 
– Vous me feriez repentir de mon impartialité. Comment, au lieu de me remercier, vous demandez encore !
 
– Mais, monsieur le bourgmestre… je demande une chose juste… Je voudrais être blessé à la main comme le Prophète et pouvoir continuer ma route.
 
– Il ne s’agit pas de ce que vous voudriez ou non… j’ai prononcé… c’est fini.
 
– Mais…
 
– Assez… assez… Passons à autre chose… Vos papiers ?
 
– Oui, nous allons parler de mes papiers… mais je vous en supplie, monsieur le bourgmestre, ayez pitié de ces deux enfants qui sont là… Faites que nous puissions continuer notre voyage… et…
 
– J’ai fait tout ce que je peux faire… plus même peut-être que je n’aurais dû… Encore une fois, vos papiers ?
 
– D’abord il faut que je vous explique…
 
– Pas d’explication… vos papiers… Préférez-vous que je vous fasse arrêter comme vagabond ?
 
– Moi !… m’arrêter !…
 
– Je veux dire que si vous refusiez de me donner vos papiers, ce serait comme si vous n’en aviez pas… Or, les gens qui n’en ont pas, on les arrête jusqu’à ce que l’autorité ait décidé sur eux… Voyons vos papiers… Finissons, j’ai hâte de retourner chez moi.
 
La position de Dagobert devenait d’autant plus accablante, qu’un moment il s’était laissé entraîner à un vif espoir. Ce fut un dernier coup à ajouter à ce que le vétéran souffrait depuis le commencement de cette scène ; épreuve aussi cruelle que dangereuse pour un homme de cette trempe, d’un caractère droit, mais entier ; loyal, mais rude et absolu ; pour un homme, enfin, qui, longtemps soldat, et soldat victorieux, s’était malgré lui habitué envers le bourgeois à de certaines formules singulièrement despotiques.
 
À ces mots : Vos papiers ! Dagobert devint très pâle, mais il tâcha de cacher ses angoisses sous un air d’assurance qu’il croyait propre à donner au magistrat une bonne opinion de lui.
 
– En deux mots, monsieur le bourgmestre, je vais vous dire la chose… Rien n’est plus simple… Ça peut arriver à tout le monde… Je n’ai pas l’air d’un mendiant ou d’un vagabond, n’est-ce pas ? Et puis enfin… vous comprenez qu’un honnête homme qui voyage avec deux jeunes filles…
 
– Que de paroles !… Vos papiers ?
 
Deux puissants auxiliaires vinrent, par un bonheur inespéré, au secours du soldat. Les orphelines, de plus en plus inquiètes, et entendant toujours Dagobert parler sur le palier, s’étaient levées et habillées ; de sorte qu’au moment où le magistrat disait d’une voix brusque : Que de paroles !Vos papiers ? Rose et Blanche, se tenant par la main, sortirent de la chambre. À la vue de ces deux ravissantes figures, que leurs pauvres vêtements de deuil rendaient encore plus intéressantes, le bourgmestre se leva, frappé de surprise et d’admiration. Par un mouvement spontané, chaque sœur prit une main de Dagobert et se serra contre lui en regardant le magistrat d’un air à la fois inquiet et candide. C’était un tableau si touchant que ce vieux soldat présentant pour ainsi dire à son juge ces deux gracieuses enfants aux traits remplis d’innocence et de charme, que le bourgmestre, par un nouveau retour à des sentiments pitoyables, se sentit vivement ému ; Dagobert s’en aperçut. Aussi, avançant, et tenant toujours les orphelines par la main, il lui dit d’une voix pénétrée :
 
– Les voilà, ces pauvres petites, monsieur le bourgmestre, les voilà. Est-ce que je peux vous montrer un meilleur passeport ?
 
Et, vaincu par tant de sensations pénibles, continues, précipitées, Dagobert sentit malgré lui ses yeux devenir humides.
 
Quoique naturellement brusque et rendu plus maussade encore par l’interruption de son sommeil, le bourgmestre ne manquait ni de bon sens ni de sensibilité. Il comprit donc qu’un homme ainsi accompagné devait difficilement inspirer de la défiance.
 
– Pauvres chères enfants… dit-il en les examinant avec un intérêt croissant, orphelines si jeunes… Et elles viennent de bien loin !…
 
– Du fond de la Sibérie, monsieur le bourgmestre, où leur mère était exilée avant leur naissance… Voilà plus de cinq mois que nous voyageons à petites journées… N’est-ce pas déjà assez dur pour des enfants de cet âge !… C’est pour elles que je vous demande grâce et appui, pour elles que tout accable aujourd’hui, car tout à l’heure, en venant chercher mes papiers… dans mon sac, je n’ai plus retrouvé mon portefeuille, où ils étaient avec ma bourse et ma croix… car enfin, monsieur le bourgmestre, pardon, si je vous dis cela… ce n’est pas par gloriole… mais j’ai été décoré de la main de l’empereur, et un homme qu’il a décoré de sa main, voyez-vous, ne peut pas être un mauvais homme, quoiqu’il ait malheureusement perdu ses papiers… et sa bourse… Car voilà où nous en sommes, et c’est ce qui me rendait si exigeant pour l’indemnité.
 
– Et comment… et où… avez-vous fait cette perte !
 
– Je n’en sais rien, monsieur le bourgmestre ; je suis sûr, avant-hier à la couchée, d’avoir pris un peu d’argent dans la bourse et d’avoir vu le portefeuille ; hier, la monnaie de la pièce changée m’a suffi, et je n’ai pas défait mon sac…
 
– Et hier et aujourd’hui, où votre sac est-il resté !
 
– Dans la chambre occupée par les enfants ; mais cette nuit…
 
Dagobert fut interrompu par les pas de quelqu’un qui montait. C’était le Prophète.
 
Caché dans l’ombre au pied de l’escalier, il avait entendu cette conversation. Il redoutait que la faiblesse du bourgmestre ne nuisît à la complète réussite de ses projets, déjà presque entièrement réalisés.