| 16.26 - Les deux voitures.
C’est le soir même du jour où Mlle de Cardoville a empêché le suicide de la Mayeux.
Onze heures sonnent, la nuit est profonde, le vent souffle avec violence et chasse de gros nuages noirs qui interceptent complètement la pâle clarté de la lune. Un fiacre monte lentement, péniblement, au pas de ses deux chevaux essoufflés, la pente de la rue Blanche, assez rapide aux abords de la barrière, non loin de laquelle est située la maison occupée par Djalma. La voiture s’arrête ; le cocher, maugréant de la longueur d’une course interminable aboutissant à cette montée difficile, se retourne sur son siège, se penche vers la glace du devant de la voiture, et dit d’un ton bourru à la personne qu’il conduisait :
– Ah çà ! est-ce ici, à la fin ? Du haut de la rue de Vaugirard à la barrière Blanche, ça peut compter pour une course ; avec ça que la nuit est si noire, qu’on ne voit pas à quatre pas devant soi, puisqu’on n’allume pas les réverbères eu égard au clair de lune… qu’il ne fait pas…
– Cherchez une petite porte avec un auvent… passez-la… d’une vingtaine de pas, et ensuite arrêtez-vous… le long du mur, répondit une voix criarde et impatiente avec un accent italien des plus prononcés.
– Voilà un bigre d’Allemand qui me fera tourner en bourrique, se dit le cocher, courroucé ; puis il ajouta :
– Mais, mille tonnerres ! puisque je vous dis qu’on n’y voit pas… comment diable voulez-vous que je l’aperçoive, moi, votre petite porte !
– Vous n’avez donc pas la moindre intelligence !… Longez le mur à droite… de façon à le raser ; la lumière de vos lanternes vous aidera… et vous reconnaîtrez facilement cette petite porte ; elle se trouve après le numéro 50… Si vous ne la trouvez pas, c’est que vous êtes ivre, répondit avec une aigreur croissante la voix à l’accent italien.
Le cocher, pour toute réponse, jura comme un païen, fouetta ses chevaux épuisés ; puis, longeant le mur de très près, il écarquilla ses yeux, afin de lire les numéros de la rue à l’aide de la lueur de ses lanternes.
Au bout de quelques moments de marche, la voiture s’arrêta de nouveau.
– J’ai dépassé le numéro 50, et voilà une petite porte à auvent, dit le cocher ; est-ce celle-là !
– Oui… dit la voix. Maintenant, avancez une vingtaine de pas, puis vous arrêterez.
– Allons, bon, encore…
– Ensuite, vous descendrez de votre siège et vous irez frapper deux fois trois coups à la petite porte que nous allons dépasser… Vous comprenez bien ! deux fois trois coups.
– C’est donc ça que vous me donnez comme pourboire ! s’écria le cocher exaspéré.
– Quand vous m’aurez reconduit au faubourg Saint-Germain, où je demeure, vous aurez un bon pourboire, si vous êtes intelligent.
– Bon… maintenant au faubourg Saint-Germain… Plus que cela de ruban de queue, merci ! dit le cocher avec une colère contenue. Moi qui avais épouffé mes chevaux pour être sur le boulevard à la sortie du spectacle, non !… de non…
Puis, faisant contre fortune bon cœur, et comptant sur le dédommagement du pourboire, il reprit :
– Je vais donc aller frapper six coups à la petite porte !
– Oui, d’abord trois coups, puis un silence, puis encore trois coups… Comprenez-vous !
– Et après !
– Vous direz à la personne qui vous ouvrira : « On vous attend, » et vous la conduirez ici à la voiture.
– Que le diable te brûle ! dit le cocher en se retournant sur son siège, et il ajouta, en fouettant ses chevaux :
– Ce gredin d’Allemand-là a des manigances avec des francs-maçons ou peut-être bien avec des contrebandiers, vu que nous sommes près de la barrière… il mériterait bien que je le dénonce, pour me faire venir de la rue de Vaugirard ici.
À une vingtaine de pas au-delà de la petite porte, la voiture s’arrêta de nouveau, le cocher descendit de son siège pour exécuter les ordres qu’il avait reçus. Arrivant bientôt auprès de la petite porte, il y heurta, ainsi qu’il lui avait été recommandé, d’abord trois coups, puis, après une pause, trois autres coups.
Quelques nuages moins opaques, moins foncés que ceux qui avaient jusqu’alors obscurci le disque de la lune, formèrent alors éclaircie, et lorsqu’au signal donné la porte s’ouvrit, le cocher vit sortir un homme de taille moyenne, enveloppé d’un manteau et coiffé d’un bonnet de couleur.
Cet homme fit deux pas dans la rue, après avoir fermé la porte à clef.
– On vous attend, lui dit le cocher, je vais vous conduire à la voiture.
Et, marchant devant l’homme au manteau qui lui avait répondu par un signe de tête, il le mena jusqu’au fiacre. Il se préparait à ouvrir la portière et à baisser le marchepied, lorsque la voix de l’intérieur s’écria :
– C’est inutile… Monsieur ne montera pas… je causerai avec lui par la portière… on vous avertira lorsqu’il faudra partir.
– Ça fait que j’aurai le temps de t’envoyer à tous les diables, murmura le cocher ; mais ça ne m’empêchera pas de me promener pour me dégourdir les jambes.
Et il se mit à marcher de long en large le long du mur où était percée la petite porte. Au bout de quelques secondes, il entendit le roulement lointain et de plus en plus rapproché d’une voiture qui, gravissant rapidement la montée, s’arrêta à quelque distance et en deçà de la porte du jardin.
– Tiens ! une voiture bourgeoise, dit le cocher ; crânes chevaux, tout de même, pour monter à ce trot-là ce roidillon de rue Blanche.
Le cocher terminait cette réflexion, lorsqu’à la faveur de l’éclaircie momentanée, il vit un homme descendre de cette voiture, s’avancer rapidement, s’arrêter un instant à la petite porte, l’ouvrir, entrer, et disparaître après l’avoir refermée sur lui.
– Tiens, tiens, ça se complique, dit le cocher ; l’un est sorti, en voilà un autre qui rentre.
Ce disant, il se dirigea vers la voiture ; elle était brillamment attelée de deux beaux et vigoureux chevaux ; le cocher, immobile dans son carrick à dix collets, tenait son fouet dressé, le manche appuyé sur son genou droit, ainsi qu’il convient.
– Voilà un chien de temps pour faire faire le pied de grue à de superbes chevaux comme les vôtres, camarade, dit l’humble cocher de fiacre à l’automédon bourgeois, qui resta muet et impassible, sans paraître seulement se douter qu’on lui parlait. Il n’entend pas le français… c’est un Anglais… cela se reconnaît tout de suite à ses chevaux, dit le cocher, interprétant ainsi le silence de celui à qui il venait de parler ; puis, avisant à quelques pas une sorte de valet de pied géant, debout contre la portière, vêtu d’une longue et ample redingote de livrée d’un gris jaunâtre, à collet bleu clair et à boutons d’argent, le cocher, s’adressant à lui en manière de compensation, et sans varier de beaucoup son thème :
– Voilà un chien de temps pour faire le pied de grue, camarade.
Même imperturbable silence de la part du valet de pied.
– C’est deux Anglais, reprit philosophiquement le cocher, et, quoique assez étonné de l’incident de la petite porte, il recommença sa promenade en se rapprochant de son fiacre.
Pendant que se passaient les faits dont nous venons de parler, l’homme au manteau et l’homme à l’accent italien continuaient de s’entretenir ; l’un toujours dans la voiture, l’autre debout, en dehors, la mains appuyée au bord de la portière.
La conversation durait depuis quelque temps et avait lieu en italien ; il s’agissait d’une personne absente, ainsi qu’on en jugera par les paroles suivantes :
– Ainsi, disait la voix qui sortait du fiacre, cela est bien convenu ?
– Oui, monseigneur, reprit l’homme au manteau, mais seulement dans le cas où l’aigle deviendrait serpent.
– Et, dans le cas contraire, dès que vous recevrez l’autre moitié du crucifix d’ivoire que je viens de vous remettre…
– Je saurai ce que cela veut dire, monseigneur.
– Continuez toujours de mériter et de conserver sa confiance.
– Je la mériterai, je la conserverai, monseigneur, parce que j’admire et respecte cet homme, plus fort par l’esprit, par le courage et par la volonté… que les hommes les plus puissants de ce monde… Je me suis agenouillé devant lui avec humilité comme devant une des trois sombres idoles qui sont entre Bohwanie et ses adorateurs… car lui, comme moi, a pour religion de changer la vie en néant.
– Hum ! hum ! dit la voix d’un ton assez embarrassé, ce sont là des rapprochements inutiles et inexacts… Songez seulement à lui obéir… Sans raisonner votre obéissance…
– Qu’il parle, et j’agis ; je suis entre ses mains comme un cadavre, ainsi qu’il aime à le dire… Il a vu, il voit toujours mon dévouement par les services que je lui rends auprès du prince Djalma… Il me dirait : Tue… que ce fils de roi…
– N’ayez pas, pour l’amour du ciel, des idées pareilles ! s’écria la voix en interrompant l’homme au manteau. Grâce à Dieu, on ne vous demandera jamais de telles preuves de soumission.
– Ce que l’on m’ordonne… je le fais… Bohwanie me regarde.
– Je ne doute pas de votre zèle… je sais que vous êtes une barrière vivante et intelligente mise entre le prince et bien des intérêts coupables ; et c’est parce que l’on m’a parlé de votre zèle, de votre habileté à circonvenir ce jeune Indien, et surtout de la cause de votre aveugle dévouement à exécuter les ordres que l’on vous donne, que j’ai voulu vous instruire de tout. Vous êtes fanatique de celui que vous servez… c’est bien… l’homme doit être l’esclave obéissant du dieu qu’il se choisit.
– Oui, monseigneur… tant que le dieu… reste dieu.
– Nous nous entendons parfaitement. Quant à votre récompense, vous savez… mes promesses…
– Ma récompense… je l’ai déjà, monseigneur.
– Comment ?
– Je m’entends.
– À la bonne heure… Quant au secret…
– Vous avez des garanties, monseigneur.
– Oui… suffisantes.
– Et d’ailleurs, l’intérêt de la cause que je sers vous répond de mon zèle et de ma discrétion, monseigneur.
– C’est vrai… vous êtes un homme de ferme et ardente conviction.
– J’y tâche, monseigneur.
– Et, après tout, fort religieux… à votre point de vue. Or, c’est déjà très louable d’avoir un point de vue quelconque en ces matières, par l’impiété qui court, et, surtout, lorsque à votre point de vue vous pouvez m’assurer de votre aide.
– Je vous l’assure, monseigneur, par cette raison qu’un chasseur intrépide préfère un chacal à dix renards, un tigre à dix chacals, un lion à dix tigres, et l’ouelmis à dix lions.
– Qu’est-ce, l’ouelmis ?
– C’est ce que l’esprit est à la matière, la lame au fourreau, le parfum à la fleur, la tête au corps.
– Je comprends… jamais comparaison n’a été plus juste… Vous êtes homme de bon jugement. Rappelez-vous toujours ce que vous venez de me dire là, et rendez-vous de plus en plus digne de la confiance de votre idole, de votre dieu…
– Sera-t-il bientôt en état de m’entendre, monseigneur ?
– Dans deux ou trois jours au plus ; hier une crise providentielle l’a sauvé… et il est doué d’une volonté si énergique, que sa guérison sera rapide.
– Le reverrez-vous demain, monseigneur ?
– Oui, avant mon départ, pour lui faire mes adieux.
– Alors, dites-lui ceci, qui est étrange, et dont je n’ai pu l’instruire, car cela s’est passé hier.
– Parlez.
– J’étais allé au jardin des morts… partout des funérailles, des torches enflammées au milieu de la nuit noire… éclairant des tombes… Bohwanie souriait dans le ciel d’ébène. En songeant à cette sainte divinité du néant, je regardais avec joie vider une voiture remplie de cercueils. La fosse immense béait comme une bouche de l’enfer… on lui jetait… morts sur morts ; elle béait toujours. Tout à coup je vois à côté de moi, à la lueur d’une torche, un vieillard… je l’avais déjà vu… c’est un juif… il est gardien de cette maison… de la… rue Saint-François… que vous savez…
Et l’homme au manteau tressaillit et s’arrêta.
– Oui… je sais… mais qu’avez-vous… à vous interrompre ainsi ?
– C’est que, dans cette maison… se trouve depuis cent cinquante ans… le portrait d’un homme… d’un homme… que j’ai rencontré jadis au fond de l’Inde, sur les bords du Gange…
Et l’homme au manteau ne put s’empêcher de tressaillir et de s’arrêter encore.
– Une ressemblance singulière, sans doute ?
– Oui, monseigneur, une ressemblance… singulière… pas autre chose…
– Mais ce vieux juif ?… ce vieux juif ?
– M’y voici, monseigneur. Toujours pleurant, il a dit à un fossoyeur : « Eh bien ! le cercueil ? – Vous aviez raison ; je l’ai trouvé dans la seconde rangée de l’autre fosse, a répondu le fossoyeur ; il portait bien, pour signe, une croix formée de sept points noirs. Mais comment avez-vous pu savoir et la place et la marque de ce cercueil ? – Hélas ! peu vous importe, a dit le vieux juif avec une amère tristesse. Vous voyez que je ne suis que trop bien instruit ; il est caché à fleur de terre ; mais dépêchez-vous vite. – À travers le tumulte, on ne s’apercevra de rien, a repris le fossoyeur. Vous m’avez bien payé, je désire que vous réussissiez dans ce que vous voulez faire. »
– Et ce vieux juif, qu’a-t-il fait de ce cercueil marqué de sept points noirs ?
– Deux hommes l’accompagnaient, monseigneur, portant une civière garnie de rideaux ; il a allumé une lanterne et, suivi de ces deux hommes, il s’est dirigé vers l’endroit désigné par le fossoyeur… Un embarras de voitures de morts m’a fait perdre le vieux juif, sur les traces duquel je m’étais mis à travers les tombeaux ; il m’a été impossible de le retrouver…
– Cela est étrange, en effet… Ce juif, que voulait-il faire de ce cercueil ?
– On dit qu’ils emploient des cadavres pour composer des charmes magiques, monsieur.
– Ces mécréants sont capables de tout… même du commerce avec l’ennemi des hommes… Du reste, on avisera… cette découverte est peut-être importante…
Minuit sonna à cet instant dans le lointain.
– Minuit !… déjà !…
– Oui, monseigneur.
– Il faut que je parte… Adieu… Ainsi, une dernière fois, vous me le jurez : la circonstance convenue arrivant, dès que vous recevrez l’autre moitié du crucifix d’ivoire que je vous ai donné tout à l’heure, vous tiendrez votre promesse ?
– Par Bohwanie, je vous l’ai juré, monseigneur.
– N’oubliez pas non plus que, pour plus de sûreté, la personne qui vous remettra l’autre moitié du crucifix devra vous dire… Voyons, que devra-t-on vous dire… Vous souvenez-vous ?
– On devra me dire, monseigneur : De la coupe aux lèvres, il y a loin.
– Très bien… Adieu. Secret et fidélité.
– Secret et fidélité, monseigneur, répondit l’homme au manteau.
Quelques secondes après, le fiacre se remettait en marche, emmenant le cardinal Malipieri. Tel était l’interlocuteur de l’homme au manteau. Ce dernier (on a sans doute reconnu Faringhea) regagna la petite porte du jardin de la maison occupée par Djalma. Au moment où il allait mettre la clef dans la serrure, à sa profonde surprise, il vit la porte s’ouvrir devant lui et un homme en sortir. Faringhea, se précipitant sur cet inconnu, le saisit violemment au collet, en s’écriant :
– Qui êtes-vous ? d’où sortez-vous ? Sans doute l’inconnu trouva le ton dont cette question était faite très peu rassurant, car, au lieu d’y répondre, il fit tous ses efforts pour se dégager de l’étreinte de Faringhea, en criant d’une voix retentissante :
– Pierre… à moi !…
Aussitôt la voiture, qui stationnait à quelques pas, arrivant au grand trot, Pierre, le valet de pied géant, saisit le métis par les épaules, le rejeta quelques pas en arrière, et opéra ainsi une diversion fort utile à l’inconnu.
– Maintenant, monsieur, dit ce dernier à Faringhea en se rajustant, toujours protégé par le géant, je suis en mesure de répondre à vos questions… quoique vous traitiez fort brutalement une ancienne connaissance… Oui, je suis M. Dupont, ex-régisseur de la terre de Cardoville… à telle enseigne que c’est moi qui ai aidé à vous repêcher lors du naufrage du bâtiment où vous étiez embarqué.
En effet, à la vive lueur des deux lanternes, le métis reconnut la bonne et loyale figure de M. Dupont, jadis régisseur et alors, ainsi qu’on l’a dit, intendant de la maison de Mlle de Cardoville. L’on n’a peut-être pas oublié que ce fut M. Dupont qui, le premier, écrivit à Mlle de Cardoville pour réclamer son intérêt en faveur de Djalma, retenu au château de Cardoville par une blessure reçue pendant le naufrage.
– Mais, monsieur… que venez-vous faire ici ? Pourquoi vous introduire ainsi clandestinement dans cette maison ? dit Faringhea d’un ton brusque et soupçonneux.
– Je vous ferai observer qu’il n’y a rien du tout de clandestin dans ma conduite ; je viens ici dans une voiture aux livrées de Mlle de Cardoville, ma chère et digne maîtresse, chargé par elle, très ostensiblement… très évidemment, de remettre une lettre de sa part au prince Djalma, son cousin, répondit M. Dupont avec dignité.
À ces mots, Faringhea frémit de rage muette, et reprit :
– Pourquoi, monsieur… venir à cette heure tardive ? pourquoi vous introduire par cette petite porte ?
– Je viens à cette heure, mon cher monsieur, parce que c’est l’ordre de Mlle de Cardoville, et je suis entré par cette petite porte parce qu’il y a tout lieu de croire qu’en m’adressant à la grande porte… il m’eût été impossible de parvenir jusqu’au prince…
– Vous vous trompez, monsieur, répondit le métis.
– C’est possible… mais, comme on savait que le prince passait presque habituellement une partie de la nuit dans le petit salon… qui communique à la serre chaude dont voici la porte, et dont Mlle de Cardoville a conservé une double clef depuis qu’elle a loué cette maison, j’étais à peu près certain, en prenant ce chemin, de pouvoir remettre entre les mains du prince la lettre de Mlle de Cardoville, sa cousine… et c’est ce que j’ai eu l’honneur de faire, mon cher monsieur, et j’ai été profondément touché de la bienveillance avec laquelle le prince a daigné me recevoir, et même se souvenir de moi.
– Et qui vous a si bien instruit, monsieur, des habitudes du prince ? dit Faringhea, ne pouvant maîtriser son dépit courroucé.
– Si j’ai été exactement renseigné sur ses habitudes, mon cher monsieur, je n’ai pas été aussi bien instruit sur les vôtres, que je ne comptais pas plus vous rencontrer dans ce passage… que vous ne vous attendiez à m’y voir.
Ce disant, M. Dupont fit un salut passablement narquois au métis, et remonta dans la voiture, s’éloigna rapidement, laissant Faringhea aussi surpris que courroucé.
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