Le Juif Errant

| 12.04 - Un service d'ami.

 

 

 

Rodin, malgré sa surprise et son inquiétude, ne sourcilla pas ; il commença par fermer sa porte après soi, remarquant le coup d’œil curieux de la jeune fille, puis il lui dit avec bonhomie :
 
– Qui demandez-vous, ma chère fille ?
 
– M. Rodin, reprit crânement Rose-Pompon en ouvrant ses jolis yeux bleus de toute leur grandeur, et regardant Rodin bien en face.
 
– Ce n’est pas ici… dit-il en faisant un pas pour descendre. Je ne connais pas… Voyez plus haut ou plus bas.
 
– Oh ! que c’est joli ! Voyons… faites donc le gentil, à votre âge ! dit Rose-Pompon en haussant les épaules, comme si on ne savait pas que c’est vous qui vous appelez M. Rodin.
 
– Charlemagne, dit le socius en s’inclinant, Charlemagne, pour vous servir, si j’en étais capable.
 
– Vous n’en êtes pas capable, répondit Rose-Pompon d’un ton majestueux, et elle ajouta d’un air narquois : – Nous avons donc des cachettes à la minon-minette, que nous changeons de nom ?… Nous avons peur que maman Rodin nous espionne ?
 
– Tenez, ma chère fille, dit le socius en souriant d’un air paternel, vous vous adressez bien : je suis un vieux bonhomme qui aime la jeunesse… la joyeuse jeunesse. Ainsi, amusez-vous, même à mes dépens… mais laissez-moi passer, car l’heure me presse…
 
Et Rodin fit de nouveau un pas vers l’escalier.
 
– Monsieur Rodin, dit Rose-Pompon d’une voix solennelle, j’ai des choses très importantes à vous communiquer, des conseils à vous demander sur une affaire de cœur.
 
– Ah çà ! voyons, petite folle, vous n’avez donc personne à tourmenter dans votre maison que vous venez dans celle-ci ?
 
– Mais je loge ici, monsieur Rodin, répondit Rose-Pompon en appuyant malicieusement sur le nom de sa victime.
 
– Vous ? ah bah ! j’ignorais un si joli voisinage.
 
– Oui… je loge ici depuis six mois, monsieur Rodin.
 
– Vraiment ! et où donc ?
 
– Au troisième, dans le bâtiment du devant, monsieur Rodin.
 
– C’est donc vous qui chantiez si bien tout à l’heure ?
 
– Moi-même, monsieur Rodin.
 
– Vous m’avez fait le plus grand plaisir, en vérité.
 
– Vous êtes bien honnête, monsieur Rodin.
 
– Et vous logez avec votre respectable famille, je suppose ?
 
– Je crois bien, monsieur Rodin, dit Rose-Pompon en baissant les yeux d’un air ingénu : j’habite avec grand-papa Philémon et grand’maman Bacchanal… une reine, rien que ça.
 
Rodin avait été jusqu’alors assez gravement inquiet, ignorant de quelle manière Rose-Pompon avait surpris son véritable nom ; mais, en entendant nommer la reine Bacchanal et en apprenant qu’elle logeait dans cette maison, il trouva une compensation à l’incident désagréable soulevé par l’apparition de Rose-Pompon ; il importait en effet beaucoup à Rodin de savoir où trouver la reine Bacchanal, maîtresse de Couche-tout-Nu et sœur de la Mayeux, de la Mayeux signalée comme dangereuse depuis son entretien avec la supérieure du couvent, et depuis la part qu’elle avait prise aux projets de fuite de Mlle de Cardoville. De plus, Rodin espérait, grâce à ce qu’il venait d’apprendre, amener adroitement Rose-Pompon à lui confesser le nom de la personne dont elle tenait que M. Charlemagne s’appelait M. Rodin.
 
À peine la jeune fille eut-elle prononcé le nom de la reine Bacchanal, que Rodin, joignit les mains, paraissant aussi surpris que vivement intéressé.
 
– Ah ! ma chère fille, s’écria-t-il, je vous en conjure, ne plaisantons pas… S’agirait-il, par hasard, d’une jeune fille qui porte ce surnom et qui est sœur d’une ouvrière contrefaite ?…
 
– Oui, monsieur, la reine Bacchanal est son surnom, dit Rose-Pompon assez étonnée à son tour ; elle s’appelle Céphyse Soliveau : c’est mon amie.
 
– Ah ! c’est votre amie ! dit Rodin en réfléchissant.
 
– Oui, monsieur, mon amie intime…
 
– Et vous l’aimez ?
 
– Comme une sœur… Pauvre fille ! je fais ce que je peux pour elle ! et ce n’est guère… Mais comment un respectable homme de votre âge connaît-il la reine Bacchanal ?… Ah ! ah ! c’est ce qui prouve que vous portez des faux noms…
 
– Ma chère fille ! je n’ai plus envie de rire maintenant, dit si tristement Rodin que Rose-Pompon, se reprochant sa plaisanterie, lui dit : – Mais enfin, comment connaissez-vous Céphyse ?
 
– Hélas ! ce n’est pas elle que je connais… mais un brave garçon qui l’aime comme un fou !…
 
– Jacques Rennepont !
 
– Autrement dit Couche-tout-Nu… À cette heure, il est en prison pour dettes, reprit Rodin avec un soupir. Je l’y ai vu hier.
 
– Vous l’avez vu hier ? Mais, comme ça se trouve ! dit Rose-Pompon en frappant dans ses mains. Alors, venez vite, venez tout de suite chez Philémon, vous donnerez à Céphyse des nouvelles de son amant… elle est si inquiète !…
 
– Ma chère fille… je voudrais ne lui donner que de bonnes nouvelles de ce digne garçon que j’aime malgré ses folies… car qui n’en a pas fait des folies ? ajouta Rodin avec une indulgente bonhomie.
 
– Pardieu ! dit Rose-Pompon en se balançant sur ses hanches comme si elle eût été encore costumée en débardeur.
 
– Je dirai plus, ajouta Rodin, je l’aime à cause de ses folies ; car, voyez-vous, on a beau dire, ma chère fille, il y a toujours un bon fonds, un bon cœur, quelque chose enfin, chez ceux qui dépensent généreusement leur argent pour les autres.
 
– Eh bien ! tenez, vous êtes un très brave homme, vous ! dit Rose-Pompon enchantée de la philosophie de Rodin. Mais pourquoi ne voulez-vous pas venir voir Céphyse pour lui parler de Jacques ?
 
– À quoi bon lui apprendre ce qu’elle sait ? Que Jacques est en prison ?… Ce que je voudrais, moi, ce serait de tirer ce pauvre garçon d’un si mauvais pas…
 
– Oh ! monsieur, faites cela, tirez Jacques de prison, s’écria vivement Rose-Pompon, et nous vous embrasserons nous deux, Céphyse et moi.
 
– Ce serait du bien perdu, chère petite folle, dit Rodin en souriant ; mais rassurez-vous, je n’ai pas besoin de récompense pour vous faire un peu de bien quand je le puis.
 
– Ainsi vous espérez tirer Jacques de prison ?…
 
Rodin secoua la tête et reprit d’un air chagrin et contrarié :
 
– Je l’espérais… mais, à cette heure… que voulez-vous ? tout est changé…
 
– Et pourquoi donc ? demanda Rose-Pompon surprise.
 
– Cette mauvaise plaisanterie que vous me faites en m’appelant M. Rodin doit vous paraître très amusante, ma chère fille, je le comprends : vous n’êtes en cela qu’un écho… Quelqu’un vous aura dit : « Allez dire à M. Charlemagne qu’il s’appelle M. Rodin… ça sera fort drôle. »
 
– Bien sûr qu’il ne me fût pas venu à l’idée de vous appeler M. Rodin… on n’invente pas un nom comme celui-là soi-même, répondit Rose-Pompon.
 
– Eh bien ! cette personne, avec ses mauvaises plaisanteries, a fait sans le savoir un grand tort au pauvre Jacques Rennepont.
 
– Ah ! mon Dieu ! et cela parce que je vous ai appelé M. Rodin, au lieu de M. Charlemagne ? s’écria Rose-Pompon tout attristée, regrettant alors la plaisanterie qu’elle avait faite à l’instigation de Nini-Moulin. Mais enfin monsieur, reprit-elle, qu’est-ce que cette plaisanterie a de commun avec le service que vous vouliez rendre à Jacques ?
 
– Il ne m’est pas permis de vous le dire, ma chère fille. En vérité… je suis désolé de tout ceci pour ce pauvre Jacques… croyez-le bien ; mais permettez-moi de descendre.
 
– Monsieur… écoutez-moi, je vous en prie, dit Rose-Pompon : si je vous disais le nom de la personne qui m’a engagée à vous appeler M. Rodin, vous intéresseriez-vous toujours à Jacques ?
 
– Je ne cherche pas à surprendre les secrets de personne… ma chère fille… vous avez été dans tout ceci le jouet ou l’écho de personnes peut-être fort dangereuses, et, ma foi ! malgré l’intérêt que m’inspire Jacques Rennepont, je n’ai pas envie, vous entendez bien, de me faire des ennemis, moi, pauvre homme… Dieu m’en garde !
 
Rose-Pompon ne comprenait rien aux craintes de Rodin et il y comptait bien ; car après une seconde de réflexion la jeune fille lui dit :
 
– Tenez, monsieur, c’est trop fort pour moi, je n’y entends rien ; mais ce que je sais, c’est que je serais désolée d’avoir fait tort à un brave garçon pour une plaisanterie. Je vais donc vous dire tout bonnement ce qui en est ; ma franchise sera peut-être utile à quelque chose…
 
– La franchise éclaire souvent les choses obscures, dit sentencieusement Rodin.
 
– Après tout, dit Rose-Pompon, tant pis pour Nini-Moulin. Pourquoi me fait-il dire des bêtises qui peuvent nuire à l’amant de cette pauvre Céphyse ? Voilà, monsieur, ce qui est arrivé : Nini-Moulin, un gros farceur, vous a vu tout à l’heure dans la rue ; la portière lui a dit que vous vous appeliez M. Charlemagne. Il m’a dit à moi : « Non, il s’appelle Rodin, il faut lui faire une farce : Rose-Pompon, allez à sa porte, frappez-y, appelez-le M. Rodin. Vous verrez la drôle de figure qu’il fera. » J’ai promis à Nini-Moulin de ne pas le nommer ; mais dès que ça pourrait risquer de nuire à Jacques… tans pis, je le nomme.
 
Au nom de Nini-Moulin, Rodin n’avait pu retenir un mouvement de surprise. Ce pamphlétaire, qu’il avait fait charger de la rédaction de l’Amour du prochain, n’était pas personnellement à craindre ; mais Nini-Moulin, très bavard et très expansif après boire, pouvait être inquiétant, gênant, surtout si Rodin, ainsi que cela était probable, devait revenir plusieurs fois dans cette maison pour exécuter ses projets sur Couche-tout-Nu, par l’intermédiaire de la reine Bacchanal. Le socius se promit donc d’aviser à cet inconvénient.
 
– Ainsi, ma chère fille, dit-il à Rose-Pompon, c’est un M. Desmoulins qui vous a engagée à me faire cette mauvaise plaisanterie ?
 
– Non pas Desmoulins… mais Dumoulin, reprit Rose-Pompon. Il écrit dans les journaux des sacristains, et il défend les dévots pour l’argent qu’on lui donne, car si Nini-Moulin est un saint… ses patrons sont saint Soiffard et saint Chicard, comme il dit lui-même.
 
– Ce monsieur me paraît fort gai.
 
– Oh ! très bon enfant !
 
– Mais attendez donc, attendez donc, reprit Rodin en paraissant rappeler ses souvenirs ; n’est-ce pas un homme de trente-six à quarante ans, gros… la figure colorée ?
 
– Colorée comme un verre de vin rouge, dit Rose-Pompon, et, par dessus, le nez bourgeonné… comme une framboise…
 
– C’est bien lui… M. Dumoulin… oh ! alors vous me rassurez complètement, ma chère fille ; la plaisanterie ne m’inquiète plus guère. Mais c’est un très digne homme que M. Dumoulin, aimant peut-être un peu trop le plaisir…
 
– Ainsi, monsieur, vous tâcherez toujours d’être utile à Jacques ? La bête de plaisanterie de Nini-Moulin ne vous en empêchera pas ?
 
– Non, je l’espère.
 
– Ah çà ! il ne faudra pas que je dise à Nini-Moulin que vous savez que c’est lui qui m’a dit de vous appeler M. Rodin, n’est-ce pas, monsieur ?
 
– Pourquoi non ? En toutes choses, ma fille, il faut toujours dire franchement la vérité.
 
– Mais, monsieur, Nini-Moulin m’a tant recommandé de ne pas vous le nommer…
 
– Si vous me l’avez nommé, c’est par un très bon motif ; pourquoi ne pas le lui avouer ? Du reste, ma chère fille, ceci vous regarde, et non pas moi… Faites comme vous voudrez…
 
– Et pourrais-je dire à Céphyse vos intentions pour Jacques ?
 
– La franchise, ma chère fille, toujours la franchise… on ne risque jamais rien de dire ce qui est…
 
– Pauvre Céphyse, va-t-elle être heureuse !… dit vivement Rose-Pompon. Et cela lui viendra bien à propos…
 
– Seulement, il ne faut pas qu’elle s’exagère trop ce bonheur. Je ne promets pas positivement… de faire sortir ce digne garçon de prison… je dis que je tâcherai ; mais ce que je promets positivement, car depuis l’emprisonnement de Jacques, je crois votre amie dans une position bien gênée…
 
– Hélas ! monsieur…
 
– Ce que je promets, dis-je, c’est un petit secours… que votre amie recevra aujourd’hui, afin qu’elle ait le moyen de vivre honnêtement… et si elle est sage, eh bien !… si elle est sage, plus tard on verra…
 
– Ah ! monsieur, vous ne savez pas comme vous venez à temps au secours de cette pauvre Céphyse… On dirait que vous êtes son vrai bon ange… Ma foi, que vous vous appeliez M. Rodin ou M. Charlemagne, tout ce que je puis jurer, c’est que vous êtes un excellent…
 
– Allons, allons, n’exagérons rien, dit Rodin en interrompant Rose-Pompon ; dites un bon vieux brave homme et rien de plus, ma chère fille. Mais voyez donc comme les choses s’enchaînent quelquefois ! Je vous demande un peu qui m’aurait dit, lorsque j’entendais frapper à ma porte, ce qui m’impatientait fort, je l’avoue, qui m’aurait dit que c’était une petite voisine qui, sous le prétexte d’une mauvaise plaisanterie, me mettait sur la voie d’une bonne action… Allons, donnez courage à votre amie… ce soir elle recevra un secours, et, ma foi, confiance et espoir ! Dieu merci ! il est encore de bonnes gens sur la terre.
 
– Ah ! monsieur… vous le prouvez bien.
 
– Que voulez-vous ? c’est tout simple : le bonheur des vieux… c’est de voir le bonheur des jeunes…
 
Ceci fut dit par Rodin avec une bonhomie si parfaite que Rose-Pompon sentit ses yeux humides et reprit tout émue :
 
– Tenez, monsieur, Céphyse et moi, nous ne sommes que de pauvres filles ; il y en a de plus vertueuses, c’est encore vrai, mais nous avons, j’ose le dire, bon cœur : aussi, voyez-vous, si jamais vous étiez malade, appelez-nous ; il n’y a pas de bonnes sœurs qui vous soigneraient mieux que nous… C’est tout ce que nous pouvons vous offrir ; sans compter Philémon que je ferais se scier en quatre morceaux pour vous ; je m’y engage sur l’honneur ; comme Céphyse, j’en suis sûre, s’engagerait aussi pour Jacques, qui serait pour vous à la vie, à la mort.
 
– Vous voyez donc bien, chère fille, que j’avais raison de dire : tête folle bon cœur… Adieu et au revoir !
 
Puis Rodin, reprenant son panier, qu’il avait posé à terre à côté de son parapluie, se disposa à descendre l’escalier.
 
– D’abord vous allez me donner ce panier-là, il vous gênerait pour descendre, dit Rose-Pompon en retirant en effet le panier des mains de Rodin, malgré la résistance de celui-ci.
 
Puis elle ajouta :
 
– Appuyez-vous sur mon bras : l’escalier est si noir… vous pourriez faire un faux pas.
 
– Ma foi, j’accepte votre offre, ma chère fille, car je ne suis pas bien vaillant.
 
En s’appuyant paternellement sur le bras droit de Rose-Pompon, qui portait le panier de la main gauche, Rodin descendit l’escalier et traversa la cour.
 
– Tenez, voyez-vous là-haut, au troisième, cette grosse face collée aux carreaux ? dit tout à coup Rose-Pompon à Rodin en s’arrêtant au milieu de la petite cour, c’est Nini-Moulin… Le reconnaissez-vous ? Est-ce bien le vôtre ?
 
– C’est bien le mien, dit Rodin après avoir levé la tête ; et il fit de la main un salut très affectueux à Jacques Dumoulin, qui, stupéfait, se retira brusquement de la fenêtre.
 
– Le pauvre garçon… Je suis sûr qu’il a peur de moi… depuis sa mauvaise plaisanterie, dit Rodin en souriant. Il a bien tort !
 
Et il accompagna les mots il a bien tort d’un sinistre pincement de lèvres dont Rose-Pompon ne put s’apercevoir.
 
– Ah çà ! ma chère fille, lui dit-il lorsque tous deux entrèrent dans l’allée, je n’ai plus besoin de votre aide ; remontez vite chez votre amie lui donner les bonnes nouvelles que vous savez.
 
– Oui, monsieur, vous avez raison, car je grille d’aller lui dire quel brave homme vous êtes.
 
Et Rose-Pompon s’élança dans l’escalier.
 
– Eh bien !… eh bien !… et mon panier qu’elle emporte, cette petite folle ! dit Rodin.
 
– Ah ! c’est vrai… Pardon, monsieur, le voici… Pauvre Céphyse ! va-t-elle être contente ! Adieu, monsieur.
 
Et la gentille figure de Rose-Pompon disparut dans les limbes de l’escalier, qu’elle gravit d’un pied alerte et impatient.
 
Rodin sortit de l’allée.
 
– Voici votre panier, chère dame, dit-il en s’arrêtant sur le seuil de la boutique de la mère Arsène. Je vous fais mes humbles remerciements… de votre obligeance…
 
– Il n’y a pas de quoi, mon digne monsieur ; c’est tout à votre service… Eh bien ! le radis était-il bon ?
 
– Succulent, ma chère dame, succulent et excellent.
 
– Ah ! j’en suis bien aise. Vous reverra-t-on bientôt ?
 
– J’espère que oui… Mais pourriez-vous m’indiquer un bureau de poste voisin ?
 
– En détournant la rue à gauche, la troisième maison, chez l’épicier.
 
– Mille remerciements.
 
– Je parie que c’est un billet doux pour votre bonne amie, dit la mère Arsène, mise en gaieté par le contact de Rose-Pompon et de Nini-Moulin.
 
– Eh !… eh !… eh !… cette chère dame, dit Rodin en ricanant ; puis redevenant tout à coup parfaitement sérieux, il fit un profond salut à la fruitière en lui disant :
 
– Votre serviteur de tout mon cœur… Et il gagna la rue.
 
* * * * *
 
Nous conduirons maintenant le lecteur dans la maison du docteur Baleinier, où était encore enfermée Mlle de Cardoville.