Le Juif Errant

| 6.06 - Les ennemis d'Adrienne.

 

 

 

Le valet de chambre de la princesse de Saint-Dizier rentra bientôt avec un petit homme pâle, vêtu de noir et portant des lunettes ; il avait sous son bras gauche un assez long étui en maroquin noir.
 
La princesse dit à cet homme :
 
– Monsieur l’abbé vous a prévenu de ce qu’il y avait à faire ?
 
– Oui, madame, dit l’homme d’une petite voix grêle et flûtée, en faisant un profond salut.
 
– Serez-vous convenablement dans cette pièce ? lui dit la princesse.
 
Et ce disant, elle le conduisit à une chambre voisine, seulement séparée de son cabinet par une portière…
 
– Je serai là très convenablement, madame la princesse, répondit l’homme aux lunettes avec un nouveau et profond salut.
 
– En ce cas, monsieur, veuillez entrer dans cette chambre, j’irai vous avertir lorsqu’il en sera temps…
 
– J’attendrai vos ordres, madame la princesse.
 
– Et rappelez-vous surtout mes recommandations, ajouta le marquis en détachant les embrasses de la portière.
 
– Monsieur l’abbé peut être tranquille…
 
La portière, de lourde étoffe, retomba et cacha ainsi complètement l’homme aux lunettes. La princesse sonna ; quelques moments après, la porte s’ouvrit et on annonça le docteur Baleinier, l’un des personnages importants de cette histoire.
 
Le docteur Baleinier avait cinquante ans environ, une taille moyenne, replète, la figure pleine, luisante et colorée. Ses cheveux gris, très lissés et assez longs, séparés par une raie au milieu du front, s’aplatissaient sur les tempes ; il avait conservé l’usage de la culotte courte en drap de soie noire, peut-être encore parce qu’il avait la jambe belle ; des boucles d’or nouaient ses jarretières et les attaches de ses souliers de maroquin bien luisants ; il portait une cravate, un gilet et un habit noirs, ce qui lui donnait l’air quelque peu clérical ; sa main blanche et potelée disparaissait à demi cachée sous une manchette de batiste à petits plis, et la gravité de son costume n’en excluait pas la recherche. Sa physionomie était souriante et fine, son petit œil annonçait une pénétration et une sagacité rares ; homme du monde et de plaisir, gourmet très délicat, spirituel causeur, prévenant jusqu’à l’obséquiosité, souple, adroit, insinuant, le docteur Baleinier était l’une des plus anciennes créatures de la coterie congréganiste de la princesse de Saint-Dizier. Grâce à cet appui tout-puissant dont on ignorait la cause, le docteur, longtemps ignoré malgré un savoir réel et un mérite incontestable, s’était trouvé nanti, sous la Restauration, de deux sinécures médicales très lucratives, et peu à peu d’une nombreuse clientèle ; mais il faut dire qu’une fois sous le patronage de la princesse, le docteur se prit tout à coup à observer scrupuleusement ses devoirs religieux ; il communia une fois la semaine, et très publiquement, à la grand’messe de Saint-Thomas-d’Aquin. Au bout d’un an, une certaine classe de malades, entraînée par l’exemple et par l’enthousiasme de la coterie de Mme de Saint-Dizier, ne voulut plus d’autre médecin que le docteur Baleinier, et sa clientèle prit bientôt un accroissement extraordinaire. On juge facilement de quelle importance il était pour l’ordre d’avoir parmi ses membres externes l’un des praticiens les plus répandus de Paris. Un médecin a aussi son sacerdoce. Admis à toute heure dans la plus secrète intimité de famille, un médecin sait, devine, peut aussi bien des choses… Enfin, comme le prêtre, il a l’oreille des malades et des mourants. Or, lorsque celui qui est chargé du salut du corps et celui qui est chargé du salut de l’âme s’entendent et s’entr’aident dans un intérêt commun, il n’est rien… (certains cas échéants) qu’ils ne puissent obtenir de la faiblesse ou de l’épouvante d’un agonisant, non pour eux-mêmes, les lois s’y opposent, mais pour des tiers appartenant plus ou moins à la classe si commode des hommes de paille. Le docteur Baleinier était donc l’un des membres externes les plus actifs et les plus précieux de la congrégation de Paris. Lorsqu’il entra, il alla baiser la main de la princesse avec une galanterie parfaite.
 
– Toujours exact, mon cher monsieur Baleinier.
 
– Toujours heureux, toujours empressé de me rendre à vos ordres, madame ; puis, se retournant vers le marquis, auquel il serra cordialement la main, il ajouta :
 
– Enfin ! vous voilà… Savez-vous que trois mois, c’est bien long pour vos amis !…
 
– Le temps est aussi long pour ceux qui partent que pour ceux qui restent, mon cher docteur… Eh bien ! voilà le grand jour… Mlle de Cardoville va venir…
 
– Je ne suis pas sans inquiétude, dit la princesse ; si elle avait quelque soupçon ?
 
– C’est impossible, dit M. Baleinier ; nous sommes les meilleurs amis du monde… Vous savez que Mlle Adrienne a toujours été en confiance avec moi… Avant-hier encore nous avons ri beaucoup… Et comme je lui faisais, selon mon habitude, des observations sur son genre de vie au moins excentrique… et sur la singulière exaltation d’idées où je la trouve parfois…
 
– M. Baleinier ne manque jamais d’insister sur ces circonstances en apparence fort insignifiantes, dit Mme de Saint-Dizier au marquis d’un air significatif.
 
– Et c’est en effet très essentiel, reprit celui-ci.
 
– Mlle Adrienne a répondu à mes observations, reprit le docteur, en se moquant de moi le plus gaiement, le plus spirituellement du monde ; car, il faut l’avouer, cette jeune fille a bien l’esprit des plus distingués que je connaisse.
 
– Docteur !… docteur !… dit Mme de Saint-Dizier, pas de faiblesse au moins !
 
Au lieu de lui répondre tout d’abord, M. Baleinier prit sa boîte d’or dans la poche de son gilet, l’ouvrit et y puisa une prise de tabac qu’il aspira lentement, et regardant la princesse d’un air tellement significatif qu’elle parut complètement rassurée :
 
– De la faiblesse !… moi, madame ! dit enfin M. Baleinier en secouant de sa main blanche et potelée quelques grains de tabac épars sur les plis de sa chemise ; n’ai-je pas eu l’honneur de m’offrir volontairement à vous afin de vous sortir de l’embarras où je vous voyais ?
 
– Et vous seul au monde pouviez nous rendre cet important service, dit M. d’Aigrigny.
 
– Vous voyez donc bien, madame, reprit le docteur, que je ne suis pas un homme à faiblesse… car j’ai parfaitement compris la portée de mon action… mais il s’agit, m’a-t-on dit, d’intérêts si immenses…
 
– Immenses… en effet, dit M. d’Aigrigny ; un intérêt capital.
 
– Alors je n’ai pas dû hésiter, reprit M. Baleinier ; soyez donc sans inquiétude ! Laissez-moi, en homme de goût et de bonne compagnie, rendre justice et hommage à l’esprit charmant et distingué de Mlle Adrienne, et quand viendra le moment d’agir, vous me verrez à l’œuvre…
 
– Peut-être… ce moment sera-t-il plus rapproché que nous ne le pensions… dit Mme de Saint-Dizier en échangeant un regard avec M. d’Aigrigny.
 
– Je suis et serai toujours prêt… dit le médecin ; à ce sujet je réponds de tout ce qui me concerne… Je voudrais bien être aussi tranquille sur toutes choses.
 
– Est-ce que votre maison de santé n’est pas toujours aussi à la mode… que peut l’être une maison de santé ? dit Mme de Saint-Dizier en souriant à demi.
 
– Au contraire… je me plaindrais presque d’avoir trop de pensionnaires. Ce n’était pas de cela qu’il s’agit ; mais en attendant Mlle Adrienne, je puis vous dire deux mots d’une affaire qui ne la touche qu’indirectement, car il s’agit de la personne qui a acheté la terre de Cardoville, une certaine Mme de la Sainte-Colombe, qui m’a pris pour médecin, grâce aux manœuvres habiles de Rodin.
 
– En effet, dit M. d’Aigrigny, Rodin m’a écrit à ce sujet… sans entrer dans de grands détails.
 
– Voici le fait, dit le docteur. Cette Mme de la Sainte-Colombe, qu’on avait crue d’abord assez facile à conduire, s’est montrée très récalcitrante à l’endroit de sa conversion… Déjà deux directeurs ont renoncé à faire son salut. En désespoir de cause, Rodin lui avait détaché le petit Philippon. Il est adroit, tenace, et surtout d’une patience… impitoyable… C’était l’homme qu’il fallait. Lorsque j’ai eu Mme de la Sainte-Colombe pour cliente, Philippon m’a demandé mon aide, qui lui était naturellement acquise ; nous sommes convenus de nos faits… Je ne devais pas avoir l’air de le connaître le moins du monde… Il devait me tenir au courant des variations de l’état moral de sa pénitente… afin que, par une médication très inoffensive, du reste, car l’état de la malade est peu grave, il me fût possible de faire éprouver à celle-ci des alternatives de bien-être ou de mal-être assez sensibles, selon que son directeur serait content ou mécontent d’elle… afin qu’il pût lui dire : « Vous le voyez, madame : êtes-vous dans la bonne voie, la grâce réagit sur votre santé, et vous vous trouvez mieux… retombez-vous, au contraire, dans la voie mauvaise, vous éprouvez certain malaise physique : preuve évidente de l’influence toute-puissante de la foi, non seulement sur l’âme, mais sur le corps. »
 
– Il est sans doute pénible, dit M. d’Aigrigny avec un sang-froid parfait, d’être obligé d’en arriver à de tels moyens pour arracher les opiniâtres à la perdition, mais il faut pourtant bien proportionner les modes d’action à l’intelligence ou au caractère des individus.
 
– Du reste, reprit le docteur, Mme la princesse a pu observer, au couvent de Sainte-Marie, que j’ai maintes fois employé très fructueusement, pour le repos et pour le salut de l’âme de quelques-unes de nos malades, ce moyen, je le répète, extrêmement innocent. Ces alternatives varient, tout au plus, entre le mieux et le moins bien ; mais si faibles que soient ces différences… elles réagissent souvent très efficacement sur certains esprits… Il en avait été ainsi à l’égard de Mme de la Sainte-Colombe. Elle était dans une si bonne voie de guérison morale et physique, que Rodin avait cru pouvoir engager Philippon à conseiller la campagne à sa pénitente… craignant à Paris l’occasion des rechutes… Ce conseil, joint au désir qu’avait cette femme de jouer à la dame de paroisse, l’avait déterminée à acheter la terre de Cardoville, bon placement, du reste ; mais ne voilà-t-il pas qu’hier ce malheureux Philippon est venu m’apprendre que Mme de la Sainte-Colombe était sur le point de faire une énorme rechute, morale… bien entendu, car le physique est maintenant dans un état de prospérité désespérant. Or, cette rechute paraissait causée par un entretien qu’aurait eu cette dame avec un certain Jacques Dumoulin, que vous connaissez, m’a-t-on dit, mon cher abbé, et qui s’est, on ne sait pas comment, introduit auprès d’elle.
 
– Ce Jacques Dumoulin, dit le marquis avec dégoût, est un de ces hommes que l’on emploie et que l’on méprise ; c’est un écrivain rempli de fiel, d’envie et de haine… ce qui lui donne une certaine éloquence brutale et incisive… Nous le payons assez grassement pour attaquer nos ennemis, quoiqu’il soit quelquefois douloureux de voir défendre par une telle plume les principes que nous respectons… Car ce misérable vit comme un bohémien, ne quitte pas les tavernes, et est presque toujours ivre… Mais, il faut l’avouer, sa verve injurieuse est inépuisable… et il est versé dans les connaissances théologiques les plus ardues, ce qui nous le rend parfois très utile…
 
– Eh bien… quoique Mme de la Sainte-Colombe ait soixante ans… il paraît que ce Dumoulin aurait des visées matrimoniales sur la fortune considérable de cette femme… Vous ferez bien, je crois, de prévenir Rodin, afin qu’il se défie des ténébreux manèges de ce drôle… Mille pardons de vous avoir si longtemps entretenu de ces misères… Mais à propos du couvent de Sainte-Marie, dont j’avais tout à l’heure l’honneur de vous parler, madame, ajouta le docteur en s’adressant à la princesse, il y a longtemps que vous n’y êtes allée ?
 
La princesse échangea un vif regard avec M. d’Aigrigny et répondit :
 
– Mais… il y a huit jours… environ.
 
– Vous y trouverez alors bien du changement : le mur qui était mitoyen avec ma maison de santé a été abattu, car l’on va construire là un nouveau corps de bâtiment et une chapelle… l’ancienne était trop petite. Du reste, je dois dire, à la louange de Mlle Adrienne, ajouta le docteur avec un singulier demi-sourire, qu’elle m’avait promis pour cette chapelle la copie d’une Vierge de Raphaël.
 
– Vraiment… c’était plein d’à-propos, dit la princesse. Mais voici bientôt midi et M. Tripeaud ne vient pas.
 
– Il est subrogé tuteur de Mlle de Cardoville, dont il a géré les biens comme ancien agent d’affaires du comte-duc, dit le marquis visiblement préoccupé, et sa présence nous est absolument indispensable ; il serait bien à désirer qu’il fût ici avant l’arrivée de Mlle de Cardoville, qui peut entrer d’un moment à l’autre.
 
– Il est dommage que son portrait ne puisse pas le remplacer ici, dit le docteur en souriant avec malice et tirant de sa poche une petite brochure.
 
– Qu’est-ce que cela, docteur ? lui demanda la princesse.
 
– Un de ces pamphlets anonymes qui paraissent de temps à autre… Il est intitulé : le Fléau, et le portrait du baron Tripeaud y est tracé avec tant de sincérité, que ce n’est plus de la satire… cela tombe dans la réalité ; tenez, écoutez plutôt. Cette esquisse est intitulée :
 
TYPE DU LOUP-CERVIER
 
« M. le baron Tripeaud. – Cet homme, qui se montre aussi bassement humble envers certaines supériorités sociales qu’il se montre insolent et grossier envers ceux qui dépendent de lui ; cet homme est l’incarnation vivante et effrayante de la partie mauvaise de l’aristocratie bourgeoise et industrielle, de l’homme d’argent, du spéculateur cynique, sans cœur, sans foi, sans âme, qui jouerait à la hausse ou à la baisse sur la mort de sa mère, si la mort de sa mère avait action sur le cours de la Rente. Ces gens-là ont tous les vices odieux des nouveaux affranchis, non pas de ceux qu’un travail honnête, patient et digne a noblement enrichis, mais de ceux qui ont été soudainement favorisés par un aveugle caprice du hasard ou par un heureux coup de filet dans les eaux fangeuses de l’agiotage. Une fois parvenus, ces gens-là haïssent le peuple, parce que le peuple leur rappelle l’origine dont ils rougissent ; impitoyables pour l’affreuse misère des masses, ils l’attribuent à la paresse, à la débauche, parce que cette calomnie met à l’aise leur barbare égoïsme. Et ce n’est pas tout. Du haut de son coffre-fort et du haut de son double droit d’électeur éligible, M. le baron Tripeaud insulte comme tant d’autres à la pauvreté, à l’incapacité politique :
 
« De l’officier de fortune qui, après quarante ans de guerre et de service, peut à peine vivre d’une retraite insuffisante ;
 
« Du magistrat qui a consumé sa vie à remplir de tristes et austères devoirs, et qui n’est pas mieux rétribué à la fin de ses jours ;
 
« Du savant qui a illustré son pays par d’utiles travaux, ou du professeur qui a initié des générations entières à toutes les connaissances humaines ;
 
« Du modeste et vertueux prêtre de campagne, le plus pur représentant de l’Évangile dans son sens charitable, fraternel et démocratique, etc.
 
« Dans cet état de choses, comment M. le baron de l’industrie n’aurait-il pas le plus insolent mépris pour cette foule imbécile d’honnêtes gens qui après avoir donné au pays leur jeunesse, leur âge mûr, leur sang, leur intelligence, leur savoir, se voient dénier les droits dont il jouit, lui, parce qu’il a gagné un million à un jeu défendu par la loi ou à une industrie déloyale ?
 
« Il est vrai que les optimistes disent à ces parias de la civilisation dont on ne saurait trop vénérer, trop honorer la pauvreté digne et fière : Achetez des propriétés, vous serez éligibles et électeurs.
 
« Arrivons à la biographie de M. le baron : André Tripeaud, fils d’un palefrenier d’auberge… »
 
À ce moment, les deux battants de la porte s’ouvrirent, et le valet de chambre annonça :
 
– M. le baron Tripeaud !
 
Le docteur Baleinier remit sa brochure dans sa poche, fit le salut le plus cordial au financier, et se leva même pour lui serrer la main.
 
M. le baron entra en se confondant depuis la porte en salutations.
 
– J’ai l’honneur de me rendre aux ordres de madame la princesse… elle sait qu’elle peut toujours compter sur moi.
 
– En effet, j’y compte, monsieur Tripeaud, et surtout dans cette circonstance.
 
– Si les intentions de madame la princesse sont toujours les mêmes au sujet de Mlle de Cardoville…
 
– Toujours, monsieur, et c’est pour cela que nous nous réunissons aujourd’hui.
 
– Madame la princesse peut être assurée de mon concours, ainsi que je le lui ai déjà promis… Je crois aussi que la plus grande sévérité doit être enfin employée… et que même s’il était nécessaire de…
 
– C’est aussi notre opinion, se hâta de dire le marquis en faisant un signe à la princesse et lui montrant d’un regard l’endroit où était caché l’homme aux lunettes ; nous sommes tous parfaitement d’accord, reprit-il ; seulement, convenons encore bien de ne laisser aucun point douteux dans l’intérêt de cette jeune personne, car son intérêt seul nous guide ; provoquons sa sincérité par tous les moyens possibles…
 
– Mademoiselle vient d’arriver du pavillon du jardin ; elle demande si elle peut voir madame, dit le valet de chambre en se présentant de nouveau après avoir frappé.
 
– Dites à mademoiselle que je l’attends, dit la princesse ; et maintenant, je n’y suis pour personne… sans exception… vous l’entendez ?… pour personne absolument…
 
Puis, soulevant la portière derrière laquelle l’homme était caché, Mme de Saint-Dizier lui fit un signe d’intelligence, et la princesse rentra dans le salon.
 
Chose étrange, pendant le peu de temps qui précéda l’arrivée d’Adrienne, les différents acteurs de cette scène semblèrent inquiets, embarrassés, comme s’ils eussent vaguement redouté sa présence.
 
Au bout d’une minute, Mlle de Cardoville entra chez sa tante.