Le Juif Errant

| 13.04 - Révélations.

 

 

 

Pendant la visite d’Angèle et d’Agricol à la maison commune, la bande des Loups, se recrutant sur la route d’un assez grand nombre d’habitués de cabarets, avait continué de marcher sur la fabrique, vers laquelle se dirigeait lentement le fiacre qui amenait Rodin de Paris.
 
M. Hardy, en descendant de voiture avec son ami, M. de Blessac, était entré dans le salon de la maison qu’il occupait auprès de la manufacture.
 
M. Hardy était d’une taille moyenne, élégante et frêle, qui annonçait une nature essentiellement nerveuse et impressionnable. Son front était large et ouvert, son teint pâle, ses yeux noirs, à la fois remplis de douceur et de pénétration, sa physionomie loyale, spirituelle et attrayante. Un seul mot peindra le caractère de M. Hardy : sa mère l’appelait la Sensitive ; c’était en effet une de ces organisations d’une finesse, d’une délicatesse exquises, aussi expansives, aussi aimantes que nobles et généreuses, mais d’une telle susceptibilité, qu’au moindre froissement elles se replient et se concentrent en elles-mêmes. Si l’on joint à cette excessive sensibilité un amour passionné pour les arts, une intelligence d’élite, des goûts essentiellement choisis, raffinés, et que l’on songe aux mille déceptions ou déloyautés sans nombre dont M. Hardy avait dû être victime dans la carrière industrielle, on se demande comment ce cœur si délicat, si tendre, n’avait pas été mille fois brisé dans cette lutte incessante contre les idées les plus impitoyables. M. Hardy avait en effet beaucoup souffert : forcé de suivre la carrière industrielle pour faire honneur à des affaires que son père, modèle de droiture et de probité, avait laissées un peu embarrassées, par suite des événements de 1815, il était parvenu à force de travail, de capacité, à atteindre une des positions les plus honorables de l’industrie ; mais, pour arriver à ce but, que d’ignobles tracasseries à subir, que de perfides concurrences à combattre, que de rivalités haineuses à lasser ! Impressionnable comme il l’était, M. Hardy eût mille fois succombé à ses fréquents accès d’indignation douloureuse contre la bassesse, de révolte amère contre l’improbité, sans le sage et ferme appui de sa mère ; de retour auprès d’elle, après une journée de lutte pénible ou de déceptions odieuses, il se trouvait tout à coup transporté dans une atmosphère d’une pureté si bienfaisante, d’une sérénité si radieuse, qu’il perdait presque à l’instant le souvenir des choses honteuses dont il avait été si cruellement froissé pendant le jour ; les déchirements de son cœur s’apaisaient au seul contact de la grande et belle âme de sa mère ; aussi son amour pour elle était-il une véritable idolâtrie. Lorsqu’il la perdit, il éprouva un de ces chagrins calmes, profonds, comme le sont les chagrins qui ne finissent jamais, et qui, faisant pour ainsi dire partie de notre vie, ont même parfois leurs jours de mélancolique douceur. Peu de temps après cet affreux malheur, M. Hardy se rapprocha davantage de ses ouvriers ; il avait toujours été juste et bon pour eux ; mais, quoique la place que sa mère laissait dans son cœur dût à jamais rester vide, il se sentit, pour ainsi dire, un redoublement d’affectuosité, éprouvant d’autant plus le besoin de voir autour de lui des gens heureux qu’il souffrait davantage ; bientôt les merveilleuses améliorations qu’il apporta au bien-être physique et moral de tout ce qui l’entourait, servirent, non de distraction, mais d’occupation à sa douleur. Peu à peu aussi il s’éloigna du monde et concentra sa vie dans trois affections : une amitié tendre, dévouée, qui semblait résumer toutes ses amitiés passées, un amour ardent et sincère comme un dernier amour, et un attachement paternel pour ses ouvriers… Ses jours se passaient donc au milieu de ce petit monde rempli de reconnaissance, de respect pour lui ; monde qu’il avait pour ainsi dire créé à son image à lui, afin d’y trouver un refuge contre les douloureuses réalités dont il avait horreur, et de ne s’entourer ainsi que d’êtres bons, intelligents, heureux et capables de répondre à toutes les nobles pensées qui lui devenaient pour ainsi dire de plus en plus vitales. Ainsi, après bien des chagrins, M. Hardy, arrivé à la maturité de l’âge, possédant un ami sincère, une maîtresse digne de son amour, et se sachant certain de l’attachement passionné de ses ouvriers, avait donc rencontré, à l’époque de ce récit, toute la somme de félicité à laquelle il pouvait prétendre depuis la mort de sa mère.
 
M. de Blessac, l’intime ami de M. Hardy, avait été longtemps digne de cette touchante et fraternelle affection ; mais l’on a vu par quel moyen diabolique le père d’Aigrigny et Rodin étaient parvenus à faire de M. de Blessac, jusqu’alors droit et sincère, l’instrument de leurs machinations.
 
Les deux amis, qui avaient un peu ressenti pendant la route la piquante vivacité du vent du nord, se réchauffaient à un bon feu allumé dans le petit salon de M. Hardy.
 
– Ah ! mon cher Marcel, je recommence décidément à vieillir, dit M. Hardy en souriant et s’adressant à M. de Blessac ; j’éprouve de plus en plus le besoin de revenir chez moi… Quitter mes habitudes me devient vraiment pénible, et je maudis tout ce qui m’oblige à sortir de cet heureux petit coin de terre.
 
– Et quand je pense, répondit M. de Blessac, ne pouvant s’empêcher de rougir légèrement, quand je pense, mon ami, que pour moi vous avez entrepris il y a quelque temps ce long voyage !
 
– Eh bien… mon cher Marcel, ne venez-vous pas de m’accompagner, à votre tour, dans une excursion qui sans vous eût été aussi ennuyeuse qu’elle a été charmante ?
 
– Mon ami, quelle différence ! j’ai contracté envers vous une dette que je ne pourrai jamais acquitter dignement.
 
– Allons donc ! mon cher Marcel… est-ce qu’entre nous il y a distinction du tien et du mien ? En fait de dévouement, est-ce qu’il n’est pas aussi doux, aussi bon de donner que de recevoir !
 
– Noble cœur… noble cœur !…
 
– Dites heureux cœur… oh ! oui, bien heureux des dernières affections pour lesquelles il bat…
 
– Et qui, grand Dieu ! mériterai le bonheur ici bas… si ce n’est vous, mon ami ?
 
– Ce bonheur, à qui le dois-je ? à ces affections que j’ai trouvées là, prêtes à me soutenir, lorsque, privé de l’appui de ma mère, qui était toute ma force, je me serais senti, j’avoue ma faiblesse, presque incapable de supporter l’adversité.
 
– Vous, mon ami, d’un caractère si ferme, si résolu pour faire le bien ? vous que j’ai vu lutter avec autant d’énergie que de courage pour amener le triomphe d’une idée honnête et équitable ?
 
– Oui, mais plus j’avance dans ma carrière, plus les choses laides, honteuses, me causent d’adversion, et moins je me sens la force de les affronter.
 
– S’il le fallait, vous auriez plus de courage, mon ami.
 
– Mon bon Marcel, reprit M. Hardy avec une émotion douce et contenue, bien souvent je vous l’ai dit : mon courage, c’était ma mère. Voyez-vous, ami, lorsque j’arrivais auprès d’elle le cœur déchiré par quelque horrible gratitude ou révolté par quelque fourberie sordide, et que, prenant mes deux mains entre ses mains vénérables, elle me disait de sa voix tendre et grave : « Mon cher enfant, c’est aux ingrats et aux fripons à être navrés ; plaignons les méchants ; oublions le mal ; ne songeons qu’au bien… » alors, ami, mon cœur, douloureusement contracté, s’épanouissait à la simple influence de cette parole maternelle, et chaque jour je trouvais auprès d’elle la force nécessaire pour recommencer le lendemain une lutte cruelle contre les tristes nécessités de ma condition : heureusement Dieu a voulu que, après avoir perdu cette mère chérie, j’aie pu rattacher ma vie à ces affections, sans lesquelles, je l’avoue, je me sentirais faible et désarmé, car vous ne sauriez croire, Marcel, l’appui, la force que je trouve en votre amitié.
 
– Ne parlons pas de moi, mon ami, reprit M. de Blessac en dissimulant son embarras. Parlons d’une autre affection presque aussi douce et aussi tendre que celle d’une mère.
 
– Je vous comprends, mon bon Marcel, reprit M. Hardy ; je n’ai rien pu vous cacher, puisque, dans une circonstance bien grave, j’ai eu recours aux conseils de votre amitié… Eh bien, oui… je crois que chaque jour de ma vie augmente encore mon adoration pour cette femme, la seule que j’aie passionnément aimée, la seule que maintenant j’aimerai jamais… Et puis, enfin… faut-il tout vous dire… ma mère, ignorant ce que Marguerite était pour moi, m’a fait si souvent son éloge, que cela rend cet amour presque sacré à mes yeux.
 
– Et puis, il y a des rapports si étranges entre le caractère de Mme de Noisy et le vôtre, mon ami… son idolâtrie pour sa mère surtout !
 
– C’est vrai, Marcel, cette abnégation de Marguerite a souvent fait mon tourment… Que de fois elle m’a dit avec sa franchise habituelle : « Je vous ai tout sacrifié… mais je vous sacrifierais à ma mère ! »
 
– Dieu merci ! mon ami, vous n’avez jamais à craindre de voir Mme de Noisy exposée à cette lutte cruelle… Sa mère a depuis longtemps renoncé, m’avez-vous dit, à l’idée de retourner en Amérique, où M. de Noisy, parfaitement insouciant de sa femme, paraît fixé pour toujours… Grâce au discret dévouement de cette excellente femme qui a élevé Marguerite, votre amour est entouré du plus profond mystère… Qui pourrait le troubler à cette heure ?
 
– Rien ! oh rien !… s’écria M. Hardy, j’ai même presque les garanties de sa durée…
 
– Que voulez-vous dire… mon ami ?…
 
– Je ne sais pas si je dois vous faire part…
 
– Ai-je été indiscret… mon ami ?…
 
– Vous, mon cher Marcel ?… le pouvez-vous penser ? dit M. Hardy d’un ton de reproche amical, non… c’est que je n’aime à vous conter mes bonheurs que lorsqu’ils sont complets… et il manque quelque chose encore à la certitude de certain charmant projet…
 
Un domestique, entrant à ce moment, dit à M. Hardy :
 
– Monsieur, il y a là un vieux monsieur qui désire vous parler pour affaire très pressée…
 
– Déjà !… dit M. Hardy avec une légère impatience. Vous permettez, mon ami ?…
 
Puis, à un mouvement que fit M. de Blessac pour se retirer dans une chambre voisine, M. Hardy reprit en souriant :
 
– Non, non, restez… votre présence hâtera l’entretien.
 
– Mais il s’agit d’affaires, mon ami ?
 
– Je les fais au grand jour, vous le savez…
 
Puis s’adressant au domestique :
 
– Priez ce monsieur d’entrer.
 
– Le postillon demande s’il peut s’en aller, dit le serviteur.
 
– Non, certes, il conduira M. de Blessac à Paris ; qu’il attende.
 
Le domestique sortit et rentra aussitôt, introduisant Rodin, que M. de Blessac ne connaissait pas, sa trahison ayant été négociée par un autre intermédiaire.
 
– Monsieur Hardy ? dit Rodin en saluant respectivement et en interrogeant tour à tour du regard les deux amis.
 
– C’est moi, monsieur, que voulez-vous ? répondit le fabricant avec bienveillance ; à l’aspect de ce vieil homme, humble et mal vêtu, il s’attendait à une demande de secours.
 
– Monsieur… François Hardy ? répéta Rodin, comme s’il eût voulu s’assurer de l’identité du personnage.
 
– J’ai eu l’honneur de vous dire que c’était moi, monsieur…
 
– J’aurais, monsieur, une communication particulière à vous faire, dit Rodin.
 
– Vous pouvez parler… monsieur est mon ami, dit M. Hardy en montrant M. de Blessac.
 
– Mais… c’est à vous seul… que je désirerais parler, monsieur, reprit Rodin.
 
M. de Blessac allait se retirer, lorsque M. Hardy d’un coup d’œil le retint et dit à Rodin avec bonté, craignant que la présence d’un tiers le blessât, s’il avait une aumône à implorer :
 
– Monsieur, permettez-moi de vous demander si c’est pour vous ou pour moi que vous désirez le secret de cet entretien ?
 
– C’est pour vous… monsieur… absolument pour vous, répondit Rodin.
 
– Alors, monsieur, dit M. Hardy assez étonné, vous pouvez parler… je n’ai pas de secret pour monsieur…
 
Après un moment de silence, Rodin reprit, en s’adressant à M. Hardy :
 
– Monsieur… vous êtes digne, je le sais, du grand bien que l’on dit de vous… et comme tel… vous méritez la sympathie de tout honnête homme.
 
– Je le crois… monsieur…
 
– Or, en honnête homme, je viens vous rendre un service.
 
– Et ce service… monsieur ?
 
– Je viens vous dévoiler une infâme trahison… dont vous avez été victime.
 
– Je crois que vous vous trompez, monsieur.
 
– J’ai les preuves de ce que j’avance.
 
– Les preuves ?
 
– Les preuves écrites… de la trahison que je viens dévoiler… je les ai là, répondit Rodin ; en un mot, un homme que vous avez cru votre ami vous a indignement trompé, monsieur.
 
– Et le nom de cet homme ?
 
– M. Marcel de Blessac, dit Rodin.
 
À ces mots, M. de Blessac tressaillit, devint livide, et resta foudroyé. À peine put-il murmurer d’une voix altérée :
 
– Monsieur…
 
M. Hardy, sans regarder son ami, sans s’apercevoir de son trouble effrayant, le saisit par la main et lui dit vivement :
 
– Silence… mon ami.
 
Puis l’œil étincelant d’indignation, en s’adressant à Rodin qu’il n’avait pas cessé de regarder en face, il lui dit d’un air de mépris écrasant :
 
– Ah !… vous accusez M. de Blessac ?
 
– Je l’accuse, répondit nettement Rodin.
 
– Le connaissez-vous ?
 
– Je ne l’ai jamais vu…
 
– Et que lui reprochez-vous ?… Et comment osez-vous dire qu’il m’a trahi ?
 
– Monsieur, deux mots, dit Rodin avec une émotion qu’il semblait contenir difficilement : un homme d’honneur qui voit un autre homme d’honneur sur le point d’être égorgé par un scélérat, doit-il, oui ou non, crier au meurtre ?
 
– Oui, monsieur ; mais quel rapport…
 
– À mes yeux, monsieur, certaines trahisons sont aussi criminelles que des meurtres… et je viens me mettre entre le bourreau et la victime…
 
– Vous connaissez sans doute l’écriture de M. de Blessac, dit Rodin.
 
– Oui monsieur…
 
– Lisez donc ceci…
 
Et Rodin tira de sa poche une lettre qu’il remit à M. Hardy. Jetant alors seulement et pour la première fois les yeux sur M. de Blessac, le fabricant recula d’un pas… épouvanté de la pâleur mortelle de cet homme, qui, pétrifié de honte, ne trouvait pas une parole, car il était loin d’avoir l’audacieuse effronterie de la trahison.
 
– Marcel !!! s’écria M. Hardy avec effroi et les traits bouleversés par ce coup imprévu. – Marcel !… comme vous êtes pâle !… vous ne répondez pas !
 
– Marcel !!… vous êtes M. de Blessac ! s’écria Rodin en feignant un étonnement douloureux. Ah ! monsieur… si j’avais su…
 
– Mais, vous n’entendez donc pas cet homme, Marcel ? s’écria M. Hardy. Il dit que vous m’avez trahi d’une manière infâme…
 
Et il saisit la main de M. de Blessac. Cette main était glacée.
 
– Oh ! mon Dieu !… dit M. Hardy en se reculant avec horreur. Il ne répond rien… rien…
 
– Puisque je me trouve en face de M. de Blessac, reprit Rodin, je suis obligé de lui demander s’il ose nier avoir adressé plusieurs lettres rue du Milieu-des-Ursins à Paris, sous le couvert de M. Rodin.
 
M. de Blessac resta muet.
 
M. Hardy, ne voulant pas encore croire à ce qu’il voyait, à ce qu’il entendait, ouvrit convulsivement la lettre que venait de lui remettre Rodin et en lut quelques lignes… entremêlant çà et là sa lecture d’exclamations qui peignaient sa douloureuse stupeur. Il n’eut pas besoin d’achever la lettre pour se convaincre de l’horrible trahison de M. de Blessac.
 
M. Hardy chancela, un moment ses sens l’abandonnèrent… à cette horrible découverte, il se sentit pris de vertige, la tête lui tourna au premier regard qu’il jeta dans cet abîme d’infamie. L’abominable lettre tomba de ses mains tremblantes. Mais bientôt l’indignation, le courroux, le mépris, succédant à cet accablement, il s’élança pâle, terrible sur M. de Blessac.
 
– Misérable !!! s’écria-t-il en faisant un geste menaçant.
 
Puis, s’arrêtant au moment de frapper, il dit avec un calme effrayant :
 
– Non… ce serait souiller ma main…
 
Et il ajouta en se tournant vers Rodin, qui s’était avancé vivement pour s’interposer :
 
– Ce n’est pas la joue d’un infâme… que je dois souffleter… c’est votre loyale main que je dois serrer, monsieur… car vous avez eu le courage de démasquer un traître et un lâche.
 
– Monsieur ! s’écria M. de Blessac éperdu de honte, je suis à vos ordres… et…
 
Il ne put achever. Un bruit de voix retentit derrière la porte, qui s’ouvrit violemment, et une femme âgée entra, malgré les efforts d’un domestique, en disant d’une voix altérée :
 
– Je vous dis qu’il faut qu’à l’instant je parle à votre maître…
 
À cette voix, à la vue de cette femme pâle, défaite, éplorée, M. Hardy oubliant M. de Blessac, Rodin, la trahison infâme, recula d’un pas, en s’écriant :
 
– Madame Duparc ! vous ici… qu’y a-t-il ?
 
– Ah ! monsieur… un grand malheur…
 
– Marguerite !… s’écria M. Hardy d’une voix déchirante.
 
– Elle est partie !… monsieur…
 
– Partie !… reprit M. Hardy aussi terrifié que si la foudre eût éclaté à ses pieds.
 
– Marguerite est partie ! répéta-t-il.
 
– Tout est découvert. Sa mère l’a emmenée… il y a trois jours ! dit la malheureuse femme d’une voix défaillante.
 
– Partie… Marguerite… Ça n’est pas vrai ! on me trompe !… s’écria M. Hardy.
 
Et sans rien entendre, éperdu, épouvanté, il se précipita hors de sa maison, courut à la remise, et, sautant dans sa voiture qui, attelée de chevaux de poste, attendait M. de Blessac, il dit au postillon :
 
– À Paris, ventre à terre !…
 
* * * * *
 
Au moment où la voiture s’élançait rapide comme l’éclair sur la route de Paris, le vent, assez violent, apporta le bruit lointain du chant de guerre des Loups, qui s’avançaient en hâte vers la fabrique.